L'heure est à ce point grave que je ne sais même pas comment commencer cet article, je suis dans cette espèce d'urgence que décrit St Ex à propos des dessins de baobabs.
Chers compatriotes, pardonnez-moi pour cette double insulte liminaire, mais il va bientôt falloir voter, et en son âme et conscience; alors je sais bien que pour nos amis nègres, c'est un peu compliqué, vu qu'ils n'ont pas d'âmes, mais ils n'auront qu'à prendre exemple sur nous les blancs, qui votons depuis longtemps en l'absence totale de conscience, et je ne parle pas que de conscience politique.
Le vote est aussi vieux que la société humaine: on peut imaginer sans peine un petit groupe d'homo-sapiens, il y a 100.000 ans, réunis autour d'un sauté de veau marengo et décidants aux grognements exprimés du sort à réserver à ce superbe exemplaire féminin de la tribu d'en face, au fond à droite après la rivière. Faut-il la peler avant de la cuire? La scalper avant de se repaître de ses si jolis yeux bleus? Ou jouer à la marelle tous ensemble?
Plutôt que de se déchirer stérilement, mieux vaut une petite votation.
Parfois le chef ordonne sans concertation préalable, sans vote, sans rien, grâce à la formule "Jacques à dit", c'est ce qu'on appelle la dictature, mais il peut aussi opter pour une attitude plus sournoise qui consiste à amener ses vassaux à demander eux-même ce qu'il souhaite; la systématisation de ce procédé se nomme: démocratie.
Comme chacun sait, les Grecs sont à l'origine de la plupart des fleaux modernes, de la démocratie donc, jusqu'à Nikos Aliagas, et la dramatique crise économique qu'ils traversent n'est qu'un juste châtiment divin. Si on se penchait plus avant -mais je le ferai pas, en tous cas pas en présence de Grecs, je suis pas fou- si on se penchait donc, sur les causes socio-politico-économiques qui conduirent à l'émergence de la démocratie Athénienne, on pourrait ensuite faire le malin au repas de famille dimanche, en assurant qu'on peut y voir des similitudes avec la situation moderne en Europe et aux Etats-unis; mais on préferera parler de la ferme célébrité en Afrique.
Et c'est bien normal, il faut faire son devoir de citoyen. Oui, car au prix d'une contorsion mentale digne d'un écolo entrant au gouvernement et après des digressions sinon primitives, au moins préhistoriques, je vais enfin retrouver mon fil conducteur sans lequel cette chronique serait autant dépourvue de fond que ma cousine Gertrude est dépourvue de formes.
Je disais, avant de chercher héroïquement à combler ce vide culturel que ne viendra plus éclairer aucune exception française, tant nôtre identité nationale est incertaine et préocupantes pour nos politiques, je disais: chers concitoyens y va falloir voter.
Bien avant les ternes dilemmes de la cité qu'il faudra trancher au fil de nos convictions politiques hasardeuses, il convient de savoir si, oui ou non, Mickaël Vendetta mérite d'être fermier chef, ou s'il est temps pour lui d'aller buzzer à touche-pipi avec ses fans sur Facebook. Mais ce n'est pas facile, il faut pour cela un jugement éclairé.
Mickaël est il un abominable mufle au cerveau reptilien si proéminant qu'on lui aperçoit des ecailles sous la calvitie naissante, ou est-il un tendre poupon touchant de naïveté qu'une mauvaise fée aurait stopé net au stade de développement intellectuel du lapin de Garenne?
Je ne sais pas encore si je compte lever le pouce ou bien le baisser.
Ce que je sais en revanche, c'est que ce concept de ressortir les has-been, les vedettes oubliées pour cause de talent trop éphémère, pour les exhiber devant le public qui les a chassés, est une idée bien salace, j'aime assez. Mais il serait bien plus cruel, et donc plus drôle, d'en faire une émission visionnaire. C'est à dire de sélectionner, non pas des stars déjà éteintes, mais celles dont on sait aujourd'hui même, que demain elles n'en seront plus. Ce serait la future ferme célébrité, ou quelque chose comme ça. Et puis, tant qu'ils sont là dedans, ces parasites de l'actualité ne nous emmerderaient plus. D'ailleurs, il ne faudrait pas leur laisser le choix, mais les rafler au reveil et les envoyer direct à la "ferme". J'ai dit.
Mince, maintenant que j'y pense... on dirait bien que ce cher Mickaël a été choisi pour cette raison-là justement, qu'il est un futur has-been en puissance. Ils sont forts chez TF1.