J'ai souvent ici, au regard des propos infâmes et crus que je débite, recommandé -pour leur bien! l'éloignement, la mutilation ou même le massacre d'enfants innocents. j'ai reçu beaucoup de lettres de parents repentants d'avoir par ma faute, qui, énucléé Téo dix ans de Tours, qui bouché les oreilles de la petite Léa, neuf ans d'Angers, avec de la cire bouillante. Mais je dois reconnaitre que l'indignation, la culpabilité s'exprime de moins en moins dans mon courrier des lecteurs.
C'est que faire souffrir un enfant est une pratique de plus en plus admise par notre société post-moderne. Et je ne parle pas de la mode du surgelé, ni des enfants-placards que les journalistes nous alternent en reportages comme boeuf et poulet sur une brochette. Non. Jusque dans la pub, qui est souvent un reflet par anticipation de notre société car elle profite et suscite des tendances, on voit le sadisme parental -ou adulte- s'exercer ici avec nonchalance, là avec délectation, à l'encontre de touchants bambinos plus ou moins éveillés.
On ne respectait déjà plus les vieux depuis longtemps, je ne vois pas pourquoi on épargnait les gosses. Parfois la pilule et toute la contraception ne suffisent pas. Ils resistent. Ils naissent. Ils sont là. Sous nos yeux effarés par tant d'imberbe puérilité et d'inélégance à venir au monde. D'ailleurs le bébé hurle à peine expulsé de sa matrice: c'est inquiétant.
Il faut agir. Avant qu'ils soient trop grands, sinon c'est forcé, on s'attache. Oui, on s'attache même au petit personnel. On s'attache bien aux animaux, alors... De manière générale, si on y prend pas garde, on est tenté de s'apitoyer sur tout ce qui est sans défense.
Alors bien sûr on cède facilement à la faiblesse de protéger les siens, d'enfants. C'est pourquoi je recommande l'utilisation de la nounou, qui seule n'hésitera pas à secouer votre bébé en votre absence. Quant à ceux des autres, tout le monde sait qu'ils sont des martyrs idéaux, exutoires sans répartie de nos névroses, et ils font tellement confiance aux "grands" que les rouler dans la farine est à la portée du premier adolescent venu. Essayez vous verrez, on y prend aussi vite goût que de terroriser les vieillards.
Il y a peu les excrétions placentaires de nos congénères avaient ceci d'utile qu'elles finissaient par payer les retraites des plus agés. Ca justifiait qu'on les supportât..
Or donc, abattez-les, ne les abattez pas, abattez-les à moitié, faites ce que vous dicte votre coeur.
Quant à celles et ceux d'entre vous, nullipares, qui envisagent comme salutaire la perpétuation de l'espèce par la duplication aléatoire de leur génome avec celui de leur voisin, chef, femme de ménage ou boulangère, je rappelle combien le risque est important de se voir tomber de haut une fois le petit grandi. Les chiens font des chats. Bien entendu. Regardez chez les peoples! Le petit-fils De Gaulle est au FN, Les gosses de Charlemagne sabotèrent l'Empire, Pline le Jeune est bien moins drôle que Pline l'Ancien (d'accord c'est son neveu, mais quand même), et Florence Artaud n'a jamais écrit deux lignes qui valent les moins intelligibles glossolalies d'Antonin Artaud.
Bref, attendez un peu que le clonage soit au point avant de céder aux injonctions de votre horloge biologique. Ce sera alors le paradis: un monde uniforme, homéostatique, rempli d'immortels-perpetuels renaissants qui ne courront pas dans nos pattes, car ils seront élevés en fûts de chêne jusqu'au stade adulte, oui en fûts de chêne, ça leur confère une petite odeur de tourbe qui n'est pas sans rappeler un bon cognac.