certains (et certaines) me disaient double
et d'autres "entier" (comme quoi, l'avis des gens...)
ce qui est sûr
c'est que parfois le matin me pénétrait l'âme
comme la plus délicieuse des nourritures célestes
et j'étais avide et arrogant de désir
véritable pique-assiette au banquet des dieux
d'autres fois
les doigts bleutés du jour venaient se ficher dans ma poitrine
pour me jeter au bas de la montagne de vie
et la vue de ce chemin immense et tortueux
pourtant nimbé de vapeurs solaires et de promesses
m'était d'une insupportable angoisse
comme une coercition de toutes parts
mais, bons ou mauvais moments
je ne croyais pas aux potes
pas en l'amour :
la vie n'est pas un sport collectif
pourtant, quelles que fussent mes certitudes
j'avais des potes, même après l'aurore coup de fusil
et j'avais l'amour, possible au mécréant
c'était bon, bien que douloureux
dans les pires moments
on peut compter sur ses vrais potes :
la nuit venait comme un défilé de douceurs
comme une pluie anxiolytique
et je voyais enfin d'autres couleurs
quelques instants fantastiques
le rouge, le rosé ou l'éclat jaune d'un whisky
me réconciliaient avec l'invisible
le temps que le sommeil accepte mes derniers
idiots et sincères
sourires.