Tu te souviens comme ça des aubes métal en feu
accoudé au néant des journées sans promesse
et tu vois dériver de l'égout fabuleux
les résidus gorgés d'un souffle de jeunesse
Le soleil et la rue, baisant dans la beauté
sont bien loin aujourd'hui de tes mains vacillantes
et dans le vent d'hier tu pleures la cruauté
cet infernal écho des voyages qui te hantent
Ta bohême est une pute amère en promotion
et son regard navré de déesse en plastique
déchire en ton squelette une plaie de scorpions
qui vont grouiller tout seuls au pays fantastique
T'avais cru que l'amour et ses reflets trompe-l'oeil
n'auraient pas ta superbe acidulée d'étoiles
mais tu n'sais plus chanter, contracté par les deuils
des cieux mornes et plats qui te figent sous leurs voiles
Dans cet exil trop vaste où te voilà jeté
folâtre à l'horizon la sarabande jaunie
des cadavres superbes que tu as maltraités
tous les plaisirs humains consolant la folie
Ta bohême est une pute amère en promotion
et son regard navré de déesse en plastique
déchire en ton squelette une plaie de scorpions
qui vont grouiller tout seuls au pays fantastique.