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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 16:12

 

 

  Là, dans des sphères supérieures, qu'on entrevoit effrayés par ses immondes couleurs, debout, fier, digne et bravache, drapé dans sa solitude comme la chrysalide dans la soie nacrée de ses certitudes, le Montévidéen harangue la Création. D'un geste saccadé de matador des Enfers, il renverse les normes établies par sept mille ans de mensonges, il agite sa muleta écarlate et superbe face au Bien rampant qui grouille autour des peuples. Est-il seulement conscient d'avoir seul ces visions? Bien entendu. Est-il fou? Bien sûr que non. Il serait trop simple qu'il fût fou. Il est transpercé de lucidité piquante comme un oursin masochiste inversé. Il voudrait lever une armée de monstres frappés par la méchanceté des hommes, par l'iniquité de l'Ogre Seigneur qui le regarde d'égal à égal par delà l'horizon parallèle des replis spatiaux, dont Elohim se protège comme le petit enfant avec les jupons de sa mère. Ce combat sera éternel et ne pourra mener à rien.

  Là, dans des sphères supérieures, qu'on entrevoit effrayés par ses immondes couleurs, debout, fier, digne et bravache, drapé dans sa solitude comme la chrysalide dans la soie nacrée de ses certitudes, le Montévidéen harangue la Création. Croiser son regard de jaspe parcouru du vol de mille papillons enflammés, recevoir dans ses oreilles les filandres de ses mots de bronze oxydés par l'acide nitrique de la raison est une expérience qu'il faut faire seulement si, et seulement si, l'on est pas plus attaché au maigre pédoncule des enseignements parentaux que le suicidaire est attaché aux bienfaits du monde. Dieu n'aime pas que cette parole traverse les âges, nos parents voudraient qu'elle fût aphone, sèche, et poussière stellaire perdue au loin de notre planète. Touchés par la grâce de sa langue trois fois grande, la salive luisante et épaisse de ses strophes vous protègera comme par magie de la mélodie secrète et captieuse de l'asservissement malsain qui pétrifie vos frères, mais son antienne vous projettera dans une rude bataille. Ce combat sera éternel et ne pourra mener à rien.

  Là, dans des sphères supérieures, qu'on entrevoit effrayés par ses immondes couleurs, debout, fier, digne et bravache, drapé dans sa solitude comme la chrysalide dans la soie nacrée de ses certitudes, le Montévidéen harangue la Création. Vous croyez pouvoir rejoindre ses rangs? C'est faux. Je vous ai menti. Chacun sera seul, pétri d'enseignements qui sont comme une maladie vous protégeant d'autres maladies. Comme la lèpre, par ses premiers symptômes, semble écarter les rides de la vieillesse. Quelque sangsue géante, quelque femelle requin, quelque machine à coudre les délabrements de l'âme aux parois spongieuses de l'évolution, quelque soupir glacé venu du fond des mers lointaines, où des hommes vivent reclus de tout, épargnés par la modernité comme des dinosaures cristallisés, quelque pou géant aux proportions éléphantesques et à la trompe non moins impressionnante, vous accompagneront de courts instants, puis chacun se retranchera dans sa démarche solitaire vers la plaine ensanglantée par avance de ses pleurs stériles, car tous savent que cette lutte nécessaire est sans issue, ni favorable, ni défavorable, pour aucun protagoniste. Ce combat sera éternel et ne pourra mener à rien.

  Là, dans des sphères supérieures, qu'on entrevoit effrayés par ses immondes couleurs, debout, fier, digne et bravache, drapé dans sa solitude comme la chrysalide dans la soie nacrée de ses certitudes, le Montévidéen harangue la Création. Elle a peu changé la Création depuis que la belladone venimeuse s'est échappée des lèvres brillantes de Maldoror. Les grandes villes sont devenues de gigantesques monstres froids et impersonnels, les hommes ont bâti des empires qui ne savent toujours pas résister au souffle humide et corrosif de la prostitution. Quelques Dieux ont repris des teintes  rougeoyantes -ah! ils s'entretueront sûrement en écrasant la tarte tatin des dévots qui les suivent, et les survivants érigeront de nouveaux Dieux, plus terribles que les premiers. Ils existeront toujours, car ils existent depuis toujours. Mais au milieu des débris calcinés des vaisseaux spatiaux échoués dans le futur inéxorable s'élèveront toujours les plaintes de l'adolescent imberbe à la poitrine molle percée par les ongles longs et amoureux du Comte de Lautréamont, et leurs cris mêlés en une polyphonie blasphématoire impériale et impérieuse chatouillera jusqu'à la nuit des temps les narines hideuses de celui qui a tout créé. Et toujours il aura ce rictus dégoûté du père qui voit le mauvais fils suivre un mauvais chemin, tout constellé de beautés rejetées par Lui. Et toujours il se trouvera des esprits forts, sensibles et émus par les mélodieux Chants de Maldoror, et toujours la hache de cette guerre sera déterrée, sans que jamais ne survienne un dénouement. Ce combat sera éternel et ne pourra mener à rien.

 

 

 

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commentaires

E
<br /> Mes aïeux ! Tu es son fils spirituel ! Il y a le souffle poétique, la vision, l'amplitude, la richesse lexicale. J'ai du mal à croire que tu aies pu pondre ça.<br /> Tu dois être habité ...:-))<br /> <br /> <br />
Répondre
I
<br /> <br /> C'est gentil, mais je suis tellement dedans en ce moment... C'est presque mon seul repas. Et puis, les plus grands génies ne sont pas les plus complexes à plagier: Baudelaire s'imite très bien,<br /> Lautréamont aussi. Et c'est assez logique, ils ont inventé une forme, la reproduire ne demande pas tant d'effort que de la créer...<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> je suis en train de lire Frankenstein, et sa créature me fait penser à Maldoror, car elle a choisi le mal. J'aime bien ton hommage,je le trouve... consistant!<br /> <br /> <br />
Répondre
I
<br /> <br /> C'est vrai il y a quelque chose entre les deux, une rebellion face à son créateur... Bien vu.<br /> <br /> <br /> en tous cas je me suis bien amusé à l'écrire cet hommage...<br /> <br /> <br /> <br />

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