J'ai oublié la poésie
j'ai oublié la nuit
les escarcelles du ciel
et les longs soupirs des mers de sel
j'ai perdu la raison au matin
perdu la douceur des nuages de satin
les frontières d'autres mondes
je vis de constructions qui fondent
une lame de fond comme un transport d'amour
de vagues silences
fouettent d'indifférence
cet univers désormais irréel
je passe au travers
plus muet que le vent
moins mobile que la pierre
une lanterne au ventre
je cherche les scories de la perte
l'homme, la poésie
l'étincelante magie des brouillards nocturnes
l'odeur des vagues et leur bruit
j'ai tout oublié
voici la furie, la poussière haineuse
le mauvais goût des affiches
l'effluve des parfums nocifs
j'ai tout oublié
il y a ce point au loin comme un train
comme une agonie de l'horizon
et... pourtant
je sens encore grouiller dans l'air
comme une absence incroyable
qu'il faut nourrir