6 mars 2012
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10:42
je ne sers à rien mais je vois encore
tous ces gens partis pour leur destin
(vous savez, cette construction névrotique imposée)
et je m'inquiète parce que ces gens forment le monde
quand ils me croiseront, ils me demanderont
au-devant d'une espérance malsaine masquée :
"Tu écris toujours ?"
comme s'ils disaient à un enfant :
"Tu es toujours un enfant ?"
Que faire de leur âme, de leur corps, de leur présence ici, en face ?
La putréfaction grimpe le long de vos membres
l'angoisse est votre éternelle étreinte
même si parfois vous partez en voyage
(METTEZ-VOUS CA DANS LE CRÂNE : JE N'Y SUIS POUR RIEN)
le bonheur des autres est insupportable ?
heureusement, il n'existe pas.
Hier, une guêpe zigzaguait,
imitait, à sa façon,
les circonvolutions blondes
aphrodisiaques
d'une jolie fille à mes côtés
non loin
une énorme folle en robe patchwork serviettes MacDo
plantée sur deux stalactites de chairs vomies
hurlait à deux vieux Arabes innocents
sa relation intime aux poubelles
et aux deux marches everest que l'adversité a déposées devant sa porte.
La blonde et moi mangions des gâteaux
des gâteaux magiques
c'est pour ça que nous sommes des Dieux
des Dieux enfants mortels absurdes impuissants
est-ce notre faute si la plupart des gens sont
des esclaves adultes immortels fonctionnels et influents ?
Published by ignatius
4 mars 2012
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Dans un ciel d'écolier
les arbres méditent et tanguent avec sérieux, comme en transe religieuse
arrière, avant / arrière, avant
(si vous discernez le côté d'un arbre, c'est signe que vous êtes dans un poème)
arrière, avant / arrière, avant
une vaste blancheur liquéfie le bleu
de rares humains prient dans des églises que Dieu ne visite jamais
d'autres s'extasient devant Téléfoot
nous sommes donc dimanche
des écoliers volent comme des poussières libérées des tombeaux
ce soir les enfants, il faudra y retourner
les écoliers sont ballottés dans un souffle frais
arrière, avant / arrière, avant
(si vous voyez des écoliers ballottés dans le vent, c'est que vous êtes dans un poème)
(ou bien au-dessus d'Auschwitz entre 1940 et 1945)
Le printemps crachote ses promesses
l'hiver est loin vous savez
mais la folie guette
les filles veulent se faire baiser
mais quand je vois ce toit faire semblant de plonger dans la rue
je pense aux pigeons, aux hommes-volants
aux dinosaures qui plantent leurs crocs d'acier dans le bitume
pour reconstruire la ville que nous souillons.
La ville est si jolie le dimanche
comme une pute en plein désert
l'Art est partout
si vous voyez une pute en plein désert, c'est que vous êtes dans mon poème.
Allez plutôt vous balader en ville.
Published by ignatius
1 mars 2012
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Depuis ma tour
inachevée, sale et torturée
comme un rejet déflorant le sol
je vous vois, inachevés, sales et torturés
vous qui n'avez rien rejeté
pas même ce qui vous déflore
depuis ma tour
comme une dent dans le vent
je vois, aux lèvres de mes fenêtres
des fantômes méritants, des fantômes au visage
comme un conte désenchanté, des visages
que parfois je connais
depuis ma tour
dont le dernier cheveu ne fouettera jamais le ciel
je contemple ces pierres anarchiques
que le mauvais goût a ordonné
et je souris quand le serpent long du crépuscule
les broie avec si peu d'effort
depuis ma tour, ma ruine
mon sacrifice inutile
je ris
si vous saviez
comme je ris...
Published by ignatius
28 février 2012
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Bien sûr
nous aurons des explosions scintillantes dans les mirettes
à chaque rugissement solaire
bien sûr nous verrons sur nos tissus
des crevasses longilignes rose et brillantes
symbole qu'on est bien en vie
bien sûr en flânant dans les rues
un certain nombre de gens nous reconnaîtra
calculable en fonction du mal que nous sommes capables d'infliger
bien sûr nous nous cognerons à l'inutile besoin
de trouver de l'amour dans les chambres hérissées de herses
et emplies de grommellements rauques
bien sûr la poésie dans les yeux d'un jupon
d'un clodo moucheté de chiures d'alcool et d'azur
nous fera oublier un instant notre saloperie
bien sûr des voitures nous mèneront à l'asile
en Italie, sur les bords du Danube
au coeur de mélodies venteuses et fascinantes
Bien sûr
et même que des fois, on se reposera, satisfaits
mais qui fera un enfant avec le chaos?
et surtout,
qui aura le bon sens de
Published by ignatius
28 février 2012
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J'ai pas
j'ai pas, vous savez
de personnalité
je me crée et me recrée sans cesse
face à vous
et c'est une ivresse
je n'ai pas de couleur, pas d'odeur
sauf quand je pue
parce que j'ai trop couru en rêve
J'ai pas
j'ai pas, vous savez
de personnalité
comme vous
mon regard est une bouche qui vous touche et vous bouffe
j'ai pas de dieux
pas de place entre les espaces infiniment bleus
pas de bite ni d'archétypes
pas de style
pas de fonction ni accessoires
et surtout pas de forme sauf quand elle emplit par coïncidence
votre vide en quête de substance
J'ai pas
j'ai pas, vous savez
de personnalité
comme il semble qu'il en faille pour ressembler à l'idée qu'on s'en fait
j'ai pas de raison de traverser le néant à la nage
pas de position favorite
j'ai pas de plan d'assemblage
autre que la destruction dans le but de contempler les gravas
parce qu'indéniablement, les gravas offrent plus de surface de réflexion
je ne suis pas
ne suis pas comme vous
mais strictement identique
comme toutes ces femmes
comme toutes ces larmes
comme toutes les forces
comme un robinet qui goutte
comme un taureau qui feint d'être excité par la muleta
comme la mort qui fait son métier
comme une femme qui jouit exclusivement en se faisant insulter
comme une mère partie qui reviendra
comme toutes les voûtes menacent de s'effondrer
et quand j'aurai fait le ménage dans tout ça
je serai enfin libre.
Published by ignatius
28 février 2012
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L'enfer n'est pas ailleurs et le monde y suffit
assez de feu, de poussière, de sévices et de chants
de Cerbère, d'Orphée, de Styx et de coups de fouets
voyez ce pic tonitruant qui perce la croûte du ciel
d'où les anges chiés viennent en tourbillons se répandre à nos pieds
les sirènes maudites et lasses
nous font de l'oeil au bord des piscines atomiques
et le tombeau dans lequel on médite
est tout constellé d'étoiles affreuses
prenez le temps, mes amis de tout bien observer
l'enfer n'est pas ailleurs et le temps nous suffit
pour le renverser d'un geste moqueur
Satan au paradis des baratineurs
enculera d'autres ravis.
Published by ignatius
26 février 2012
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Quand la rue traîne un voile incertain de rumeurs
d'objets, d'ombres brisées
de désir de respirer ailleurs,
nous marchons main dans la main
nos solitudes mutiques enchâssées l'une dans l'autre
explorateurs de terres trop connues
l'âme insipide
cherche à aimer, ou haïr
les chemins s'enchaînent entre les murs gonflés de vies
la monotonie nous rapproche et nous effraie
j'ai peur de ce que je pourrais dire
mes cils surnagent à la surface de ton sourire
errons encore un peu jusqu'au dernier flocon de soleil
errons encore un peu, puis j'irai fondre dans tes ruelles.
Published by ignatius
26 février 2012
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Elles se sont désintégrées
depuis le dedans
mais où sont les restes?
*
Soumis aux lois du néant
nous tentons quand même
une rébellion
Published by ignatius
26 février 2012
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Certains écrivent pour baiser
d'autres parce qu'ils ont baisé
les derniers, par névrose, pour échapper à la mort
ce qui, au final, revient au même.
Lorsque le plaisir glisse sur nous comme des feuilles d'automne
sur l'imperméable béton de notre corps
nous ne voyons plus que l'épouvantable finalité de toute chose
toutes les directions prises et à prendre mènent vers ce point absolu
la saveur d'un repas disparaît bien vite
la sensation satisfaisante des caresses s'efface
la possession accentue la perception du vide
la vérité, drapée de brume au loin dans la plaine
masque un tombeau, Le Tombeau.
Published by ignatius
21 février 2012
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drôle de fatras vaguement organique
drôle de fatras comme un animal
boursouflé de six ailes un pied de mouton
son oeil unique est fendu d'un bec de lièvre
drôle de fatras tout à fait chimérique
observable à la vérité des miroirs
ou simplement la table d'à côté
son corps ineffable est zébré d'absurdes blessures
quand on tape des mains pour l'applaudir et l'encourager
(parce qu'il fait de la peine, disons-le)
il déplie ses ailes immenses et inaptes
comme on se perd dans une phrase qui n'a pas de sens
et c'est là sous nos yeux, un fatras plus drôle encore,
labyrinthesque machine ordonnée par un dieu épileptique;
il ronfle, il enfle, il essaie et aux confins de ses tentatives
abandonnant l'instinct naturel de la fuite
la drôle de chose qu'il nous semble connaître
s'offre un orifice qui pourrait être une bouche
ses côtes ramdament, s'agitent et se téléscopent
nous sommes fascinés, plus que jamais attentifs
et
au bout de ce hoquet terrible
au faîte de la dramaturgie
il vomit
une chose semblable à lui-même
mais minuscule
et cette horreur fragile
nous aggripe le coeur d'un effroi
car il arrive à parler
dans un souffle asthmatique
dans un grincement de muqueuses
il parvient à un efficace et pathétique:
"Pââpââ...?"
Published by ignatius