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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 17:36

 

 

  Des choses simples
satisfaisantes
clarté du matin
ciel et nuages brouillés
à la surface de l'eau
la pulpe légère,
la peau
et l'odeur de cette eau

  On ne devine rien d'autre
que du creux du monde
bientôt
la caresse intangible
venue du creux du monde
envelopper notre insuffisance
quelques instants
ce sera bien assez

  Des herbes se couchent
sous nos yeux envahis,
j'entrouvre la bouche.

 

 

 

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15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 15:54

(Version lue et accompagnée au piano) 

 

  C'est la ville
c'est Frankenstein
c'est l'électricité qui explose sur des tissus en ciment
c'est vous
et c'est moi
unis par le hasard
des destins accouplés parce que parce que
nous sommes chair contiguë ouverte aux aléas

  C'est la ville:
il y a des fleurs au balcon
horribles géraniums
qui gouttent à cinq heure du mat
ce supplice chinois, plic ploc: le temps éclate
et la pluie fine hydrate les vies coagulées
pas d'équilibre ici bas, entre-deux éphémères
synthèse du rêve, de la vraie lumière

  C'est la ville
l'acier va hurler maintenant
les gens abandonnent leurs draps de foutre
décroisent les jambes
tous ces sons singent la mort
dans un vivant grincement
qui monte si haut
j'ai encore ouvert les yeux trop tôt

  C'est la ville
c'est la fortune
port sans océan
et horizon balayé
c'est la ville
sous un saut de lune
nos matières ont dansé
aggloméré de poussières
et c'est la ville
immense broutille
d'entrechocs
pare-choc à pare-choc
chuintement de métal
et scie circulaire
notre nature infernale
possède un désert

  C'est la ville
des yeux par milliards
de la sécheresse
des bouches et des mains se touchent

  C'est la ville
les nomades figés
regardent à la fenêtre
de vagues ombres apparaître

  C'est la ville
le jour et la nuit
feu noir et solide ennui
de monstre stérile.

 


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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 14:03

 

 

  Religion


  Je ne crois pas en mon amour
c'est peut etre un peu lourd
de vivre ainsi
et pourtant ça reste assez joli
comme un corps sous l'océan
déformé par la lumière
s'en va défier le lointain
sans possible retour en arrière

  Je ne crois plus
au salut ici bas
ni même encore plus bas
sous l'écorce imbue
de l'insuccès recouvrant la terre
aux tortures et aux misères
l'éternel ment
à tous les croyants

  Je ne crois ni à la gloire ni aux voitures
ni aux autoroutes enlacées
dans un beurk futur
de promesses amassées
aux orles d'un présent
que certains trouvent dégoûtant
non moi qui suis assez con
je me complais là, maintenant

  Ici en moi
inachevé
insoumis
altéré
soiffard
brun hâlé
bandant
ne bandant pas
X-files
Les Experts
c'est bien assez.


  Dans une pierre
tout
l'univers.


________________________________________________

 

 

  Non-vie, envie et mort

  Très longtemps j'ai trempé
dans mes rêves spongieux
destiné à rien
maléable carne cuisant au soleil du monde
et parfois à minuit au mieux
sous l'imparfaite blonde
je m'élançais en vain
tordu du délire de mes pensées incroyables

  Et la meuf d'un pote m'offrait ses seins
ovoïde matériel d'une voie lactée
ou la cousine truc d'une horrible garce
à deux doigts d'être visitée un soir
à l'ombre de mon inconscience
s'accolait à ma finitude languide
depuis le pilotis de ses talons hauts
bon. La capsule de la nuit est parfois triviale.

  Très longtemps j'ai macéré
dans plus folle soupe encore
J'assiégeais l'impossible
depuis le trône fumeux de mon égo distendu

  J'ai vieilli en rêve.
Dans la machine à croire
à fabriquer du stupéfiant
toutes les conquètes se jetaient à mes pieds ailés.

  Un matin, j'ai hurlé.
mille bouches gigognes se sont précipitées
pour vérifier l'état du réel
et croquer les fruits de ces arbres intangibles

  L'Eden existait, un désert sans vent
et voilà, les caries de mes dents
se trouvèrent bien seules
alors j'ai gratté sous la peau pour trouver des larves et nourrir mes gueules

  Maintenant je rêve de cul
sans trop savoir pourquoi, peu importe
mais je me débats In Real Life
j'ai crevé l'abcès de mes espoirs.

  Résumé:

  Très longtemps j'ai trempé
Et la meuf d'un pote m'offrait ses seins
Très longtemps j'ai macéré
J'ai vieilli en rêve
Un matin j'ai hurlé
L'Eden existait, un désert sans vent
Maintenant je rêve de cul.

 

 

 

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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 13:32

 

  Nerval avait goûté au suc noir et profond
des arcanes cachées, au néant ravageur
qui assiège l'esprit, ce maladif rêveur
visitait les enfers de la transmutation.

  Du fond océanique état des inconscients
catabase de l'Autre auquel il a voué
son incapable amour et son corps écroué
on l'a vu revenir groggy et déficient

  Ce taré somptueux au visage si terne
promenait un homard comme une ombre irréelle
et la nuit tout entière, amie belle et cruelle
le pendit dans la rue de la vieille lanterne.

 

 

______________________________________________

 

 

  Un homme, nom de dieu.
Je suis un homme, reptilien limbique machin
et un neo cortex planté dans le sexe
parait que ça nous va bien

  je viens d'une école
dont je me suis sans peine echappé
avant l'âge légal mais après
m'être dépucelé, j'ai quitté paradis et enfer
car le vide, le grand vide vivesque
me faisait frissonner les cils

  J'ai dégouliné prestement sur le trottoir
d'en face devant la porte du lycée
où des nanas me trouvaient bizarre
drôle mais franchement allumé

  un tout petit homme encore
mais une sale race déjà
j'voulais pas que le banal me dévore
alors j'ai lu Spinoza

  testé dans ce bordel hydrolique
et circonvolutionné, des membres qui palpitent
et de nos méninges pépites un peu trop efficaces dans le rien
toutes sortes de trucs interdits ou alcooliques

  Papa a eu peur. Maman ne voyait pô
ben quoi? j'avais lu Rimbaud!
quelques obscurités végétales dans les livres
je voulais brûler au soleil qui éclaire les bateaux ivres

  donc, canot à la con sur le béton
parfaitement stupide!
j'écumais, acide
mes incompréhensibles sensations

  J'aurais bien aimé en faire de la poésie.
Y avait Dieu
si si je vous jure, échoué là, moi qui le collais
le grattant de mes doigts mous: gnagnagna je te veux...
sur sa peau intemporelle réfléchissait
ma trouble-double et dommage impersonnalité.

  En fait... j'étais qu'un gosse
idiot parfois précoce
une plante ventriloque
furieuse d'avoir poussé dans notre époque.

  Aujourd'hui j'aime le temps
je suis peut-être un de ces hommes
je me drogue encore au cérumen
le vent chaud me brûle, amen.

 

_______________________________________________

 

 

  Ne te relis pas, bougre de con!
va droit, avec ta queue et tes artères
sans un regard dans le dévers
qui t'aspire comme un embryon

  Oh mais tout ça, tout ça
c'est pas de la poésie, non
et peu importe aux rats
qui vont au ravin profond.

  Nous sommes tenus par la main
et ténus humains
au bout de notre bras sans fin
par un élan secret et malsain

  Biiiiiiiip
éternité du message
tombé
sous les sens éteints
mes amis
je sais ce qui nous retient
la peur
de la porte
monstre sous le lit
évanescence
de nos particules instables
un baiser
infligé
sur les courbes
de nos jamais
nuit de jais
aux griffes banales
artisanal
piou piou d'oiseau
tout est menaçant
sinon point
d'excitation
  Biiiiiiiip

  Et derrière, une autre queue
pas du tout sexuelle
nos ancêtres innervés
une pelle

  non, ni enfer, ni âme, ni sacré, que des mathématiques
même la géométrie est un mensonge, une déviance de la beauté
c'est un tapis d'aiguilles, de dards et de ganglions stellaires
on peut s'y rouler, c'est sensuel de s'y complaire

  si parfois il y a comme un hic
c'est que le démiurge qui règne dans nos têtes
réclame sa tétée.

  Biiiiiiiip.

 

 

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6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 13:38

 

 

  De choc en choc j'avance sous la nuit étoilée
sous la lumière royale qui nous pète à la gueule
et enflamme l'horizon nous révélant tout seul
dans une peinture d'abîme aux perfections voilées.

  Une rive en bordure. Des petites chattes rasées.
Des livres animaux. En clignant des paupières
je crois aux sens cachés, aux dieux qui nous révèrent
parce que nous sommes mortels et bientôt embrasés

  Notre corps doit souffrir, c'est un fait reconnu
ce béton aime craquer et enfler au soleil
du violent paradis qui nous tient en éveil.
Ô fêlures exaltées, ô nervures continues!

  Je bande et je meurs, oui! Le sang fait son chemin
et traine des pensées, jolies fleurs venimeuses
entrevues et coupées, que je voulais heureuses
en sortant de mon lit. Etre un fleuve assassin...

  Qui a vu le génie descendre l'eau noirâtre?
les branches de ses bras brisaient les flots glacés,
et sa bouche profane hurlait un chant sacré;
la douleur étouffa tout ce mouvant théâtre.

  J'ai vu passer ce corps suivi dans son sillon
par une muse attardée, par la vie, par la mort
des licornes liquéfiées et de vivants trésors
qui ont rouillé d'un coup: horreur et vermillons.

  On peut devenir fou brûlé par la Beauté
certains l'ont injuriée ou baisée à genoux
parcourus de spasmes dans l'intérieur fait-tout,
logé dans son tréfonds, Satan s'est bien marré.

  Chaque jour insatiable, une mâchoire nouvelle
une aube lancinante en prenant un temps dingue
broie notre volonté, filandreuse carlingue,
crouic crouic crouic c'est l'horloge aux piqûres mortelles...

  Il faut aimer cela. C'est un très long coït
qui crame nos muqueuses d'un sexe contagieux
lacérateur mais noble, allongés sous les cieux
nous prenons notre pied, l'ombre s'abat bien vite.

  De choc en choc, vivons! culbutés et butés
-culbutez et butez! L'enfer est un bonheur
qui charrie en riant vers aucun vrai ailleurs
nos organes magiques et notre âme insultée.

 

 

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 12:51

 

 

  Tout ça est très dangereux.

  Notre corps n'est pas celui qu'on croit.

  Le destin est une mère maquerelle.

  Tout ça est très dangereux,

  il y a entre les nuages espacés de fines lames aux reflets gazolés

  des aurores boréales comme des guillotines

  et notre nerf optique ne demande qu'à fondre, qu'à griller.

  Tout ça est très dangeureux

  nous sommes perdus, je crois

  dans une campagne remplie d'animaux idiots

  flottant sur l'herbe jaune couchée par le passage des autres et du temps

  en contrebas, le chuchotis grésillant d'une eau mouvante

  ou est-ce le tic-tac liquide d'une aiguille

  nous sommes imbibés de fer

  et ce décor est magnétique.

  Tout ça est très dangereux

  la parole nous trompe comme un mirage et l'Art est en suspens dans le désir

  de voir

  au bout de la piste

  là où tout finit

  une sacrée justification.

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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 12:35

 

 

  Ma mille et unième soif d'exister

  J'ai goûté à ta forme naïve
et relativement belle
à ta mutation d'enfant sexuée
exilée dans mon appartement
le tissu qui nous séparait
cruel et charmant
séparait aussi tous les êtres
contenus dans une bouteille

  J'ai béni la maladresse
d'un homosexuel filiforme
j'ai béni ta cuisse et ta fesse
en polissant ton derme
un souvenir a refleuri
celui des lois anciennes.

 

__________________________________________________

 

 

  Poésie behavioriste

  Combien ce monde est laid
la numération est difficile
un, dix, cent, mille
manque de sérieux et de géométrie

  Non rien n'est beau ici dans ce monde uniforme
flasque et néantissime, ennuyeux à mon oeil
parfait. En mon être qui est un grand cercueil
je conserve un germe désireux d'autres normes

  C'est à vous la faute? vous, mes horribles frères?

  Combien ce monde est parfait
l'englober est un crime adorable
dont je suis incapable
manque de force et d'à-propos

  Non rien n'est beau en moi sous ma carlingue épaisse
tous mes fils se touchent sans faire d'étincelle
même ces entrelacs font un mauvais recel
des pures émotions dissoutes dans la graisse.

  Alors, à qui la faute? la question reste entière.

  A la chimie des particules
à l'éloignement des galaxies
au soleil qui frappe nos cellules
à l'intranquillité de l'esprit

  Aux mains qui surgissent des bras
à tout ce qui fuit qu'on ne saisit pas
à tous ces fruits qui nous narguent
quand le grand large nous largue

  Les flots sous nos yeux scintillent
à se brûler le corps né
quand le vide nous a banané
et qu'on dérive comme une brindille.

 

 

_______________________________________________

 

 

  Aimons le vide et son poids infernal
le déséquilibre aux regards mourants
l'inspiration et son déhanchement
laissons filer notre souffle abyssal

  D'autres que nous pourront se raccrocher
à ces lambeaux qui nous ont dévêtus
l'horreur enfin d'être tout à fait nu
aura fait sens à son croc de boucher

  La peur reflue en nous léchant le sexe
bouche tombale chargée de fleurs
au ressac de lointaine clameur
lèvres océanides qui nous crachent au monde annexe

  Aimons le vide et son poids infernal
le soleil devenu minuscule et dangereux
aimons n'être plus qu'un rien vaporeux
retombant sur votre accoutrement animal.

 

 

 

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 17:22



              Eros et thanatos et blablabla.


  Putain de poison répandu sur ma gueule. Mon corps était un réservoir bien résistant. Ce poison s'est dilaté sous un soleil cramoisi et enflé s'approchant et s'éloignant comme un yo-yo céleste, ce soleil a fécondé mes tissus, distillé ses limaces venimeuses par tous mes pores. Ce soleil était le contact d'avec les émois souterrains de la divination, de la communication. L'unicité de l'âme, l'âme à laquelle je ne pouvais pas croire sans arracher la chair qui recouvre les yeux, et foutre mes doigts dedans pour gratter bien loin. J'ai gratté. Inconsciemment, fier de ma trouvaille. Une nuit de plusieurs mois brûla d'une lueur quasi religieuse, formée de milliards de lucioles et de feu-follets chantants. J'ai pactisé. Mes lèvres se sont abouchées à toutes ces émanations inespérées. C'était tout ça, ce soleil. Et le poison s'est dilaté. Mes fissures aujourd'hui sont très esthétiques. Je rampe au souvenir de ce four flamboyant. Puis le bonheur qui s'est laissé maudire cent fois a pris sa revanche: je n'ai plus de satisfaction. Mon égo est une petite tarte industrielle laissée trop longtemps à la cuisson.

  Ce poison épanché depuis mon désir goutte et touche le sol en produisant un silence horrifique. Supplice chinois de l'être déconstruit molécule après molécule, par des petits doigts de fée amoureuse.

  Parlons des muses qui croupissent tôt ou tard dans un poème regrettable. Parlons des méthodes qui donnent, hélas, toujours un peu plus que le résultat escompté. Parlons des abysses plus profonds que les souhaits du plongeur, de la pression qui s'y exerce, bien supérieure à celle que le globe oculaire ne peut supporter. Parlons des mots qui déchirent la gorge et mettent la gueule en charpie. Parlons d'amour, puisque, nom de Dieu, nous ne serions bons qu'à ça.

  Mes mains se sont travesties dans le cambouis rose des femmes. Face à leur intelligence charnelle, j'ai vu des lois, sur le tissu moite de leur pensée j'ai vu des reflets de réel, cela avait un sens.

  Aujourd'hui, le dégoût, le poids de ma saleté agglomérée, amassée au fil des jours, me pèsent et m'emplissent autant que l'envie, le puissant désir et la joie atroce m'avaient porté. Des cordons ombilicaux de stupre, des filandres de bidoche pour la plupart faisandés, pendent au bas de mon être, qui, certes, ainsi, sait qu'il existe encore. Les vols nuptiaux des charognards obsèdent mon esprit aliéné.

  Comme les sphères merveilleuses du sexe, de l'Art, de la pensée qui fuse entre nos bouches, étaient grisantes à habiter! J'en garde le souvenir d'une vie, comme d'une marque au fer sur les parois de l'âme. Aujourd'hui ce sont des yeux en plomb, des yeux d'oiseaux morts, qui rebondissent dans mon estomac.

  Le printemps brûle la terre, le béton et les peaux insignifiantes. Je n'ai plus accès à l'éternité, l'information me vient des nuages lépreux qui s'auto mutilent, qui se lacèrent consciencieusement pour disparaître, me privant des bienfaits de leur contemplation. Une inter saison éclot au dehors et en dedans, comme une créature cuisante s'extirperait d'un sexe trop petit. Ce sexe hurle de son insuffisance. Il se déchire et éclate très lentement, autant que la pulpe d'un doigt prendrait de temps pour parcourir une chair excitante.

  Hier j'étais encore chez les dégénérés cynophiles et noctambules, mêlé aux changeformes exhibitionnistes qui agitent leur queue flasque dans leurs propres porte-jarretelles. J'apprécie leur folie, leur monstruosité, leur spectacle débarrassé de talent, de génie, de grâce; j'aime les voir se rouler dans l'oubli de leur humanité, et me rouler avec eux. C'est un enfer joyeux de névroses, un carnaval plus vrai que la vie. Même leur musique est anormale, leur langue obligatoirement percée par un désir de fellation, percée aussi parce qu'elle ne sert plus à parler. Ils prennent une intense revanche contre Dieu, contre la philosophie, contre la nature. Leur déchéance magnifique est douce à partager, comme il est doux de lécher de la crème fraîche. Ils puent de la gueule, parce qu'ils gueulent tout le temps le ventre infesté d'alcool et des serpents de la luxure. Il y a plusieurs queues postées à l'entrée de chacun de leurs orifices.

  Une horrible Noire à la bouche comme un cercle de l'enfer voulait se frotter à moi. Je n'ai pas pu.

  Observer la seule fille au visage harmonieux se laisser pénétrer le gosier par l'organe d'un vieux au nez cassé était plus en accord avec mon état d'esprit. Je ne l'ai même pas saisie par la taille pour goûter avec elle au fruit d'une danse, d'autres mains me retiennent. Ces autres mains -ironie! ont fermenté dans mon propre corps, en gestation d'abord dans cet esprit que je voulais si ordonné et si fort, maintenant elles rampent autour de mon ombre et la retiennent de bouger comme dans une malédiction grecque.

  La mort se meut avec une grâce fascinante
celle de l'esprit immortel et envieux
que l'on a soi-même convoqué
elle donne tout ce que l'on veut
par paquets de cent fois la dose

  Parmi les fous je n'ai même plus ma place. C'est un cercueil que je vois s'enfoncer dans les flammes humides de la mémoire fossoyée. Glandes lacrymales dépassées, il m'est interdit de pleurer encore. Le cercueil s'enfonce aussi paisiblement, aussi doucement qu'un sexe difforme entre les cuisses d'une jeune vierge. Je voudrais pleurer encore sur un blues offert à l'immortalité.
 
  La mascarade me regarde, je regarde la mascarade. L'un et l'autre nous trouvons très étranges, attirants et repoussants. Mais ce n'est plus assez visqueux pour moi, même le sol gluant de la boîte de nuit n'a plus la gravité suffisante pour retenir mes pas et me faire redescendre de la hauteur détestable qu'a pris mon corps. Même le videur a remarqué que je n'avais plus mon sourire carnassier! Le videur me sert de psychologue. La fréquentation des boîtes de nuit entraine de drôles de conséquences.

  Gens de ma race! je crois que je vous méprise trop ouvertement. Et pourtant je bande. Les fonctions primaires sont préservées, ce qui n'est pas un signe de grand chose. Il me faut plus de saleté, plus de pestilence, plus de sordide, ce monde est encore trop propre. Je vous méprise et je vous aime, où sont les extra-terrestres?

  J'ai bien essayé d'embrasser un transsexuel, un vrai, opéré et bien opéré, mais ce n'était pas assez bizarre. Je veux enculer un singe à tête de navire! Un cul de basse-fosse! Baiser un staphylocoque! faire jouir la gangrène...

  J'ai rendu le transsexuel à ses amis, abandonné la morue infâme à un plus intéressé et la belle à son beau semi trépassé. Il y avait un dernier show transformiste avec une abomination aux dents qui se frottent les mains, des dents comme un plafond figé en plein écroulement, je m'en suis régalé de son spectacle: c'était comme récupérer un big mac de la veille dans un vide-ordure, et lui trouver une saveur originale. Il fallait parcourir le chemin jusqu'à chez moi: je ne m'en suis pas privé. j'ai remonté le temps, sans fierté déplacée. De façon que je juge étonnante aujourd'hui, aucun séraphin n'est venu m'attraper par la peau du cul pour m'emmurer dans le ciel.


                                                  *


  Il faut rebrousser chemin, se plonger dans le fleuve passé, recréer ses flots coupants et livides. On me dit perdu dans une époque qui n'est pas la mienne, alors ok faisons des bonds ensemble dans la mare limbique de ce que nous n'avons vécu qu'à moitié et qui agonise sur les berges assoiffées de notre désir d'absolu.
 
  Nos monstres sont en cage, libérons-les. Voilà mon projet depuis l'enfance. Je n'irai pas jusqu'à l'enfance, rassurez-vous, nous ne pourrions le supporter. Cet enfant agite une main rognée et bouffie par sa seule espérance. Je me souviens de l'enfance: j'étais attaché à un arbre minuscule à attendre patiemment le retour du messie. Aujourd'hui que j'ai la force de m'arracher à cet arbre, bien sûr, je le regrette mon calvaire de bienheureux. Ne cherche pas, ô lecteur (comme disent les poètes), la logique et la construction de cette apparence de récit, je lui veux la forme de la vie, à l'image du chaos de l'existence et des émotions qui nous transpercent le coeur. Je nous veux yeux dans les yeux, orteil tendu sur le pic rocheux de notre insatisfaction métaphysique. Bercés par un vent diabolique. Par delà le souffle de l'air qui rabote nos faces, nous percevons une musique dont on ne sait jamais si c'est un désir névrotique ou l'expression d'une psychose incurable, en tous cas, nous devons tout faire pour la trouver belle cette mélodie, et souvent nous y parvenons. Ne voyons pas tout en noir, bordel.

  La veille donc, j'allai sur la place des bars. Mon crime n'est pas si grand, j'ose encore me montrer. On y fabriquait des discussions pileuses. Nos congénères mâchaient leur salive en émettant des sons vaguement audibles. Je me questionnais. On humilia un poète en ma présence, car les poètes sont faits pour ça. Cette immolation pourtant n'était pas bien plaisante, on a vu exécution mieux mise en scène. Il partit en s'excusant. Les poils sur les langues recommencèrent à babiller des blasphèmes que les dieux firent semblant de ne pas entendre comme on le fait nous mêmes parfois lorsque l'offenseur ne mérite pas même le mépris. Comme j'étais en débardeur et que le soleil ne voulait plus nous voir, j'ai pris froid. Ah oui, j'avais mangé du lapin un peu plus tôt. Il était temps de m'isoler et de m'adonner à mes malsaines préoccupations.

  La nuit accepta de recouvrir nos gueules. J'attendis qu'elle se fît caverneuse. Peu avant le changement calendaire je retournai sur l'îlot aux singes bruyants.

  Le désordre des tables est aberrant. Un enfant de six ans est capable de meilleures conceptions géométriques; pourtant je ne suis pas maniaque, mais je vois plus d'ordre et de discipline dans un monceau d'ordure, plus d'harmonie dans les entrailles d'une décharge à ciel ouvert. La police du bon goût laisse faire ça. Voilà qui me dépasse.

  Une hyène à lunettes (cérébrale du clitoris donc) qui affichait pompeusement le gras de ses cuisses m'invita à prendre place. Elle usait pour ainsi dire sans raison de notre capacité à communiquer, avec une déesse obèse, une brune complexée et amputée du néo-cortex (qui évita mon regard comme je l'eusse fait de celui de la Gorgone) et d'un type qui était le frère de l'Obésité.

  L'Obésité tartinait du nutella sur une gaufre à l'aide son doigt, le fourrant dans chacun des trous quadrillés. Un banquier fou aurait tapoté sa calculatrice avec moins d'acharnement.

  Un romancier en perdition vint à passer, les premiers chapitres de son futur ouvrage au bout des ongles. C'était El Desdichado. On lui tendit un siège, les mégères voulurent qu'il donnât une représentation, parce que nom de dieu, un écrivain c'est forcément sublime de finesse d'esprit, adorablement rigolo, et donc suffisamment ridicule pour passer un bon moment en sa compagnie. Il supporta vingt minutes de ce traitement et décanilla à la première occasion. J'étais plus curieux de cette torture.

  Hyène insista pour aller secouer ses attributs sexuels au Gomorrhe, ce sympathique endroit où le videur observe le sourcil arqué ma transformation actuelle. Bien sûr. Comment refuser?

  Ok. Je lui triture les organes sexuels secondaires, je daigne laisser quelques temps mes doigts divins sur ses cuisses virulentes, et tolère même le contact de sa chair aussi molle qu'une pensée amoureuse sous le soleil azuréen. Vu l'extérieur de sa plastique, l'intérieur doit être verruqueux. Je ne vomis pas. Heureusement qu'elle ne veut pas baiser!!!!!! J'aurais si ça se trouve laissé définitivement ma queue dans cet amas vertigineux de gélatine phosphorescente.

  Mon lit est gentil, il ne me refusa pas le repos au cours duquel une fièvre vint me caresser jusqu'au petit matin.



                                                *


  La veille, encore la veille! Le ressac me frappe au front ses pichenettes de souvenir. La veille, c'était le pire du pire, l'apothéose du minable.

  Je peinais à voir au sol, étalées autour de moi, les peaux de serpents de mes vieilles lois racornies. Desdichado devait partir loin, mourir ou écrire son roman. Desdichado ne partait pas, ne mourait pas et observait les pages de son manuscrit refuser de se multiplier sous l'effet de sa puissante psyché.

  Au pub un type arriva à massacrer "Come as you are" de Nirvana, ce qui est un exploit hors du commun.

  Alors qu'une lumière tombée de haut s'évertuait à révéler le creux viscéral de nos êtres, Desdichado dragua et rabattit trois manifestations mineures de la nuit, qui bientôt sifflèrent dans leur appeau afin d'attirer à nous deux jeunes oies, l'une portait des bas hémiplégiques, l'autre des yeux enculables; les deux oies furent bientôt suivies par quatre jarres caquetant.
Nous les assassinâmes chez moi.

  La suite est sans intérêt. Les corps disparurent d'eux-mêmes, à jamais, dans un bruit de siphon.



                                               *


  charogne de l'exaltation
mange ta spiritualité
exprime en pressant fort
tes petits organes incontinents
fiers de leur flottabilité

  Nous sommes la grâce
des aveugles tournoyants
qui ne s'effondrent pas l'espace d'une seconde
cette seconde
est l'instant d'une vie

        un forage intestinal
      grattouille l'anus
      décomposé
      de la muse en orbite
      de notre chacal auto cannibale

            Nous sommes la perfection
          annihilée
          par la soif de sens
          cosmique
          retenons un seul souffle

  éjaculat séraphique
paupière à nos yeux
crème noire
un néant religieux galope
mon coeur bat bat bat

        si fort, si fort
      coeur, salope
      écartèlement
      des joints, déchirure
      une eau gorge les tissus

            charogne! salope!
          Nous
          inutilité du langage souvent
          des cartes au trésor
          gouttelettes fécales d'intelligence

      tricoteuse, tachycardie
    douleur vertu
    je dépose un baiser au creux de la nuque
    de la vie
baisée brutalement.

 


                                                *


  J'ai jadis écrit comme on saigne, aujourd'hui comme on meurt. Bukowski avait raison: frappez-vous la tête à coup de hachette, mais n'écrivez pas de poésie.
 
  Il y a dans l'écriture un acte désespéré, une acceptation du ridicule qui maintient la vie à distance. Le bitume devient mou, autant qu'un ventre sans muscle, et la satisfaction de cette errance main dans la main avec un enfant qui nous connait mal laisse comme un syndrome post orgasmique. Je penche la tête en vous disant ça, car je suis un chien qui cherche à comprendre.

  Sur la vitrine de la pupille il y a une langue qui lèche les mots et qui bave.

  Je ne crois pas avoir connu Satan. Mais je lui ai souri. Je sais sa chute comme une lourde élévation. Ses ailes huit fois cornues battent un rythme lancinant. Je ne crois pas qu'il m'ait jamais parlé, pourtant sa lumière a graissé mon corps inconscient, m'a lavé de nombreux mois jusqu'à une aurore poussiéreuse où ce laser s'est résorbé comme une amante lassée.

  Je suis moins vif chaque matin. Quoi que je fasse mon appartement est plus sale, plus bordélique et plus vide.

 

 

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 14:15

 

  Ex nihilo

 

  Le soleil s'est buté derrière l'horizon
il n'en reste plus rien qu'une sueur séchée

  La nuit aussi a fui, seul le vent fuse encore
un vent venu de terre en dessous de nos pas

  Une musique grince au dedans de nos os
asseyons-nous ensemble sur ces crépitements

  Peut-être que la vie convulse en dansant
la vie tant attendue depuis le cri primal

  Inaudible plaisir de la chair avariée
ce tic-tac solitaire aiguise l'appétit

  Dans la nuit de la nuit, dans les ombres diaphanes
sous le ciel invisible un mouvement se tend

  Un mouvement s'entend depuis la pensée sourde
agrégation d'oubli en étincelle aveugle

  L'orgasme de néant frissonne sur lui-même
tu étais poussière! et maintenant, combat!

 

______________________________________________

 

  Destin clownesque

 

  du haut de sa falaise détachée du monde
le clown démaquillé jette
ses frusqes désenchantées
et l'écume insatiable regarde comme elles tombent

  il n'a rien connu qu'il n'ait pas tué
il n'a rien chanté qui ne se soit tu
sa haine est un vitrail pour les églises
aux couleurs orgiaques des croyants

  ce clown crache maintenant
il crache aux nuages sa soif de vent solaire
il voudrait vomir encore une fois
tout l'amour qui fertilise la terre

  au sein de la larme qui lui creuse la joue
les oiseaux voient combien
il est un mauvais exemple pour la jeunesse
et la larme fait une croûte affreuse

  ô quel mauvais guide ce clown
et son filet de bave, autoroute spermatique
l'enfoncera plus bas que les vers tortueux
qui se tordent sous le limon vert

  lorsqu'il aura sauté pour le final
au bas de sa petite tragédie rocheuse
dans le ressac clapotant du cinquième acte
il aura rendu grâce à sa vie banale.

 

_____________________________________________

 

  Tempus fugit II

  Le temps de perdre mes cils
dans un vent chargé d'épines
j'aurais posé mes yeux chitines
sur des couleurs bisbilles

  Le temps de comprendre ou non
pourquoi le corps est planté là
comme sur l'organe un cancrelat
j'aurais habité ma maison

  Le temps crache ses traits rectilignes
et voit nos faces déboutées
et notre foi outrée
se perce d'émotions malignes

  Le temps est une fadeur
qui gerce nos sourires crevasses
et dévoile une âme mélasse
boulottée par le discours des Heures

  C'est le temps maintenant de dire "zut"!
parce que la cigarette est tombée
en criblant l'air d'incandescence cramée
qui fige à jamais cette jolie chute.

 

 

 

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16 avril 2011 6 16 /04 /avril /2011 15:12


          Mystagogie pour une fin heureuse


  Cette histoire s'achève ici. J'ai aimé vous parler. Nous continuerons nos histoires parallèlement, de loin, sans se toucher. Des liens sentimentaux se sont créés, il faut les détruire: ils nuisent à l'explosion de la vérité. Les attentes sont trop perverses, je vous aime trop, lecteurs -et les attentes ne doivent pas être satisfaites par l'atroce exactitude du contentement. Je terminerai par une dernière histoire.

  Cette histoire s'achève ici.

  La lune était qu'un vieux mollard séché et baveux dans l'abysse sans fond du ciel. J'ai pris mon pied, je ne sais pas vous, mais moi, si. J'ai tenu la main à la mort, j'ai touché son pied, elle m'a touché de son pied. Je l'ai vue arracher la poésie au monde, la poésie est morte toute racornie, presque idiote au regard de ce qu'elle fut, gorgée d'amour tumoral, et puis une fois crevée, il y en avait encore (et c'était peut-être le plus dur). J'ai aussi tenu la main au sexe, dansé tout contre les parois vaginales les plus désirables, d'autres qui l'étaient bien moins. Et la lune, on ne la voyait pas toujours, mais elle continuait son blasphème nébuleux au-delà des voûtes alcooliques des décadences humaines. Elle continuera encore longtemps après moi, après vous.

  Je ne suis pas un pessimiste. Le monde confine à la perfection. Je n'essaie plus d'être un écrivain, encore moins un poète. Je voulais tout vous dire. J'ai tenté de le faire, sans omettre le mensonge. J'ai enlaidi le beau, j'ai magnifié le laid, l'ai porté aux nues. Par souci de paraître crédible. Pardon à ceux à qui j'ai fait du mal, c'était dans un but artistique, et non malsain (je ne peux jurer cela). Je vous aime assez pour accepter de vous mentir.

  Je vous dis que j'ai connu la Mort, avec ses lèvres pendantes. Elle avait encore tant à vous dire, tant à révéler, tant de musique à faire danser à vos oreilles.

  Marion, Laurène, Cindy, Sandrine, Flore, Flora, Florine, Carmen, toutes celles dont j'ai la flemme de me rappeler, qui virevoltez sur la couronne épithéliale de mon gland gonflé: vous ne m'aurez plus. Assez de la poésie! Vive l'impermanence. Nous sommes des Hommes (la majuscule fait mal) et nous ne savons pas parler.

  Cette histoire s'achève ici, je l'ai assemblée dans ma tête en revenant de la vie. Je reprendrai peut-être demain. Ca n'est pas très important. Nous verrons bien. Permettez-moi de me souhaiter bonne nuit. je retourne au Big Bang.

  Voilà, la piqûre du sommeil a soulagé ma pensée, lui a fait perdre sa force et tant mieux: je n'écris pas pour les gens intelligents.  Qu'ils aillent se faire foutre dans les absolues mathématiques. Je ne suis pas très intelligent et finalement ce n'est pas plus mal. Comme un dieu exalté par la petitesse du monde, par son égo enflé, j'ai vécu, j'étais une puce gorgée de sang courant sur un long corps juteux et magnifique. Les femmes, les mélodies, les plus beaux textes me montraient leur trame, leur mystère et j'ai puisé dedans, j'ai bu ce pétrole jusqu'à noircir tout mon être. J'étais un démiurge déambulant curieusement dans la création d'un autre. Un dieu dans un autre monde, un dieu qui sait sa mort prochaine, et qui s'en sent décompléxé. Rien à foutre de trouver le sens de la vie! je vous jure, trouver le sens, c'est mourir broyé. Notre errance est sans fin.

  Cette histoire s'achève ici. Commençons-la. J'étais un sous-marin et je suis sorti à l'air libre, protégé un temps par l'écume qui couvrait encore la tôle de mon enveloppe. Ma gangue liquide n'a pas tenu longtemps sous l'haleine du monde. Je suis un sous-marin volant. Grotesque, oui! un peu!

  Donc. J'ai quitté l'océan aveuglant quand des ailes morbides m'ont été offertes par la vie enfuie. Ah! je fendais l'air avec un sourire de missile! J'ai fendu des jupons, des pages, des pensées tierces. J'ai fendu mes propres ambitions, le langage, les carapaces horribles qui nous recouvrent comme les croûtes d'une cicatrisation interminable. Les héros grecs m'avaient observé sans rien dire, mais la caresse de leur puissance me faisait croire que les eaux du Styx m'abreuvaient. J'avais la force d'être détaché de tout, de ne jamais parler de moi, ou bien de le faire sans un regard introspectif complexé. Aujourd'hui je suis un sous-marin dans l'air, très lourd, qui brûle aux rayons du soleil, comme mes paroles.

  Donc. L'achèvement est en marche, ce n'est pas une prophétie. J'ai vogué de trottoir en trottoir dans les rues avignonnaises. Je sombrais sur les tables des bars les plus crades, je montrais orgueilleusement mon corps à des yeux alcooliques ébahis de tant d'impudeur. C'était baroque and roll. C'était bon. J'ai tout eu, bien plus que ce que l'on peut raisonnablement souhaiter, et bien entendu, vous savez comment l'on est nous, les humains: cela n'a pas suffi. J'avais même l'amour que je repoussais de ma main épineuse. Je lui ai craché au visage (pardon pour cette affirmation rimbaldienne), mais comme c'était véritablement l'amour, il m'a souri et ne s'est même pas essuyé. Ah! je pouvais être fier! Je suis allé enterrer mon coeur après l'avoir jeté au plus loin que mon bras le permettait. C'était amusant de revenir de cette escapade, après avoir recouvert l'organe d'un tas de foutre, de bois, de feuilles, après l'avoir offert aux vers et aux insectes coprophages. C'était grisant. Je suis revenu sans coeur dans notre monde, dans l'urbanité décriée qui est notre tombeau, et que moi, je trouvais charmante.

  "Tu as les yeux intelligents" m'a dit hier soir une fille abominablement bourrée. Je l'aurais tuée si il n'y avait eu autant de témoins autour de nous. Elle ne sait pas que seule ma bite est maligne. Reprenons.

  Malheur aux amoureux! Il n'ont plus rien à espérer de cette vie, ils n'ont plus qu'à la quitter, une expression ineffable défigurant leur gueule contentée. J'ai repoussé l'amour de ma main épineuse, et l'amour conservait son regard doux et sûr de son pouvoir enchanté.

  Je suis allé baiser dans des décharges avec d'infâmes femelles au cul noirci de poils, ces décharges étaient parfois mon propre lit, qui n'est pas resté propre longtemps, évidemment. Les plantes saprophytes trouvent leur suc où il faut. Bon! Et Dieu, l'autre, le vrai, tonne de son rire hystérique.

  La beauté existe, bien entendu. Le céleste nous recouvre comme le cellophane recouvre une cuisse de poulet dans les rayons des supermarchés. Le poulet, bien que partiel, se croit encore vivant, n'allez surtout pas lui souffler, sous la chair qui le ridiculise, qu'il n'a plus qu'à attendre d'être cuit, il le sait aussi, c'est vulgaire. Laissez rêver le poulet. Les cuisses de poulet ont encore besoin de rêver. En passant au laser de la caisse enregistreuse il chantera son petit "biiip biiip", et ce sera son chant du cygne, regardez-le valser dans votre sac en plastique, cette danse, c'est la beauté. Profitez-en ensemble, le poulet, et vous; La caissière sera trop occupée à ses gestes de mort pour déguster avec vous le spectacle. Ne cherchez pas de public pour apprécier la beauté, le public est un assassin. Trouvez des aveugles et allez au théâtre ensemble, c'est plus savoureux.

  En dansant j'ai vu des failles s'ouvrir, comme des bouches affreuses qui révèlent des dents noires et des culottes en dentelles, des cuisses hirsutes, des organes magmatiques, des clitoris sifflants, et toutes les strates d'un gâteau d'anniversaire découpé en tranches, un arc-en-ciel enfoui dans la terre. Ca tombait bien, j'avais faim. Il restait à en faire des poèmes aux crépuscules (les deux crépuscules), quand les réflexions assassines se taisent, abolies par la fatigue ou le whisky. Mon dieu que c'était jouissif de vivre dans ces conditions morbides.

  L'alchimie existe, bien entendu, les alambics se forment sous nos doigts qui veulent comprendre la glaise, et il en sort parfois des choses. Pour l'or, je ne sais pas. Je ne connais pas l'or! Je ne dénigre pas le corps, c'est notre seul vase, il faut le passer aux flammes rageuses des initiations sans guide, le marteler d'outils incandescents! Faire du sport, courir  sur les crêtes des escarpements dépourvus d'oxygène, voir croître les durillons sur le derme, et muscles et déchirements en dessous. Il ne faut calculer que l'effort, et franchir la barrière du résultat attendu. La mort reste trop lente et estomaquée pour nous rattraper dans ce périple-là. Croyez-moi, ce n'est pas de la poésie. Pour les formules, demandez aux agrégés de médecine et ne les écoutez pas, faites autre chose, ce qui seul vous passe par la tête. Il n'y a d'autres secrets que les vôtres.

  La vérité est un petit rat fuyant, chargé de transmettre la peste dans notre esprit. Courez après les rats, c'est bon pour le cardio. Le coeur avait été enterré, je ne l'oublie pas, mais l'organe des palpitations, celui qui insuffle le sang dans nos capillaires, celui-ci est indécrottable, inaliénable, sérieusement ancré dans notre poitrine, il se gonfle mais jamais d'orgueil, il se gonfle comme la voile du bateau, il pousse l'esprit bien plus loin que le stupide horizon que nos yeux se chargent de délimiter aux confins de nos vies minuscules. Courez après la vérité, et bottez-lui le train.

  L'égoïsme est une denrée puissante et précieuse. Mangez tout, soyez des ogres! nous ne pouvons être des hommes, alors soyez des monstres! et Dieu vous assiègera d'un sourire désarmé, et vous serez entré en guerre. Dieu n'est pas mort, ni sur la croix, ni dans les poèmes de Heine, ni dans notre époque: il est René. Le parvenu descendu sur terre avec ses joues en avant n'a rien compris des artistes, il a pondu depuis son divin anus un message universel. Il n'est pas de message universel hors celui-ci: IL N'EST PAS DE MESSAGE UNIVERSEL. Nous tirons notre essence de l'absurdité de l'être, du néant qui se regarde le nombril, alors, soyons égoïstes, pour le bien de tous. L'altruisme, le sacrifice, sont des perversions. Il n'y a rien à servir. Ne servez jamais la poésie, foutre, foutre, foutre! jamais! servez-vous de la poésie pour étendre votre emprise sur le réel qui va nous engloutir indifféremment de nos sentiments bons ou mauvais, de nos talents évidents ou cachés. L'ombre dégouline de et sur toutes choses, sauf à midi tapante, et midi tapante, ça ne dure pas. Nous sommes libres seulement à midi tapante, ou dans la nuit totale. Le reste du temps, les ombres nous pourchassent.

  Fermons ensemble les volets de ces imprécations soufrées qui ne donneront, à ceux qui se risqueraient à les suivre, que des nausées flamboyantes.

  Reprenons le fil de cette ultime histoire, avant de le brûler, ce fil. Elle commence hier, elle finit hier. Aujourd'hui n'est qu'un résidu, comme reste le placenta après un accouchement, et ce placenta est gluant, saturé de protéines. Il faut un appétit diabolique pour le manger. Donc: hier.

  Je ne cherchais pas la beauté. Je ne cherchais pas même à exulter. Je m'étais fait ce que l'on appelle une raison. Dans ma boîte aux lettres, que des lettres d'amour de créanciers qui réclamaient leur dû, comme une pute, comme la chérie de notre coeur attend un retour sur investissement. Je n'en ai ouvert aucune, comme on dit dans ces cas-là "on sait ce qu'il y a dedans": quelque chose d'obscène.

  Je suis redevenu obscène à mon tour. J'ai rejeté les manifestations de la vie, le devenir de l'Afrique, le flot jaillissant d'informations sécrétées depuis les dentitions journalistiques. Il n'y a que mon petit égo qui compte. Le reste n'est qu'un linceul. Je suis parti observer le monde, histoire de ne repousser aucune contradiction. Ah! être un psychopathe et un artiste en même temps! est-ce possible? Dieu, est-ce possible? Bien entendu. Les émotions qui ne sont pas glacées fondent et se désagrègent au temps qui passe.

  Un bar. Un bar sympa, vaguement underground. Moins que le RADAR, plus hype. Je me suis adossé au mur au dehors, et j'ai observé.

  Une jeune camée avec de la barbe sous chaque oeil, la barbe grouillante des drogues malsaines, celle qui nait par la profanation des petites cellules en train de crever sous la peau, cette barbe qui creuse la vie, qui n'exprime que la force scabreuse qui s'échappe alors de l'être en pleine décomposition, cette fleur sexuée et sordide faisait son cinéma. Comme elle avait ce charme des fleurs morbides qui s'assèchent plus vite que ne peut le suivre le regard attentif, et comme elle portait son vagin sur la bouche, des hommes l'encerclaient, et tous espéraient pouvoir la cueillir bien vite et finir par la baiser, morte ou vive -morte ou vive! les hommes sont des nécrophages.

  Une nymphe mineure démontrait à chaque fois qu'elle ouvrait cet orifice gouailleur qui lui déchirait la gueule combien on peut être cultivé et stupide. Qu'elle était belle! Comme un papillon sur un steak. Elle était fière de faire tourner en bourrique son "amoureux" quadragénaire, et pourtant la bourrique, c'était elle. J'ai bien essayé de lui dire, mais sa bouche crachait des paroles si stridentes que ça lui en fissurait les oreilles.

  La fleur morbide vint me parler. Elle agitait son corps longiligne comme un fantôme japonais, elle ondulait de ses membres dans une danse tellurique mortifère, aussi ridicule que belle à voir. Une balle en pleine tête ne l'aurait elle non plus pas stoppée dans son délire. Comme le papillon de la viande.

  Ce que me dit la fleur maudite n'avait évidemment aucun sens. C'était un charabia expressionniste dirigé contre une personne absente que nous connaissions tous les deux. Elle me prenait le bras et le caressait de ses orthèses digitales sombres et visqueuses. Elle me caressait pour me faire croire qu'elle était bonne. Ses yeux cependant étaient aussi splendides que deux navires en train de couler conjointement: un balai aquatique synchronisé dans une marée noire. Je n'ai pas regretté qu'elle vînt délirer à mes côtés. Ce fut un bon spectacle, à fendre l'âme. C'était une fleur intelligente, et pourtant elle prenait l'autre pour le mal, et moi pour le bien. On ne peut pas être plus aveugle, plus insensible à la nature profonde des gens. C'est une narcisse condamnée.

  Des flics faisaient des allers-retours. De pauvres flics de la municipale, occupés à gérer les débordements alcooliques de la ville vraiment furieuse.

  J'observais encore. La mort était suspendue sur nos têtes, et la lune, coincée derrière sa plaque de verre, n'était qu'un mollard diffus, comme un chewing-gum collé sur le béton et rongé par un acide.

  Je suis allé au canal de la rue des teinturiers. Les roues à aube restaient figées dans le miel nocturne, l'eau aurait pu être gelée, c'était tout comme. Quelques lichens foncés et humidifiés par le soir pendaient des roues, bave cristallisée aux lèvres vermoulues de ces bouches muettes et inertes. Nerval aurait aimé se pendre ici, mais on ne se pend avec succès qu'une seule fois, dans un seul temps, c'est tout le drame des poètes! Ravi de ce spectacle, je retournai au bar.

  Le mur était encore là, son crépi m'avait attendu, mon dos le retrouva avec satisfaction. J'étais invisible au milieu des groupes polyglottes, ça parlait espagnol, anglais, peut-être russe. Quelques légionnaires assuraient notre insécurité.

  La gamine vociférait toujours et s'en prenait désormais à un grand échalas déguisé en titi parisien. Le pauvre en recevait plein sa tronche, et malgré ses trente ans, on voyait bien que ça le touchait. Abruti. Il ne parviendrait pas à la baiser, c'était la première humiliation, mais la seconde était bien plus dure à encaisser: elle le lui hurla dans toutes les langues de tous les serpents qui s'agitaient sur son crâne de gorgone. Il en fut putréfié. Cette petite était un croisement de la rose du Petit Prince et d'un varan de Komodo, avec la gueule bouffie des bactéries mortelles qui habitent les babines de ce monstre endémique. Je l'aimais bien, cette conne.

  Rassurez-vous, ce long tunnel touche bientôt à sa fin. Et moi je touchais ce mur que j'aimais tant. J'observais, j'étais invisible.

  Les flics passaient et repassaient, à pied, en voiture. Un vélo cahota et grinça sur la route, il découpa mon regard lentement, c'était un vélo bleu chargé d'un tas de merdier et il transportait une fille, jolie, qui nous traversa comme une publicité tranche un programme télévisuel en deux.

  Deux autres demoiselles d'une vingtaine d'années déboulèrent. Enfin, une déboula, en exécutant quelques pas de danses classique dénaturés par la boisson, et sa copine la suivait tant bien que mal. Il était clair que je passerai la nuit avec elles. Celle qui était franchement cuite reçut mon premier sourire sincère de la soirée. Pour l'autre je redevins invisible. Elles continuèrent leur marche incongrue en direction du canal. Il n'y avait rien là-bas pour qui ne veut pas en finir avec la vie, ou avec la nuit, comme ce n'était visiblement pas leur cas, elles allaient revenir.

  En moins de temps qu'il n'en faut à un jet de pisse pour se diluer tout à fait dans l'océan, elles reparurent au bout de la rue. Je savourais ma victoire sur le destin.

  Le trublion, qui avait un fort joli cul, s'arrêta devant l'entrée du bar, dos à moi, et lut avec gourmandise ce que le tableau promettait comme délices rhumées. Sa copine voulut la dissuader, arguant de sérieuses considérations quant à l'heure tardive. L'enfant n'entendait rien. Elles pénétrèrent. Je laissai une minute s'écouler et je rentrai également.

  Passant devant elles, je dis à la plus attentive des deux:

  "Tu n'en as pas fini pour ce soir avec ta copine".

  L'autre minauda et me renversa une partie de mon verre de bière en me bousculant. Le pacte était scellé. Quelques gouttes à la mémoire des morts.

  Bref, on s'en fiche. J'ai ensuite frotté ma queue contre leur ventre, et malgré ma ferme volonté, ma queue exprima ce qui ressemblait à du désir. Heureusement, un type armé d'un flingue (d'après la légende) entra dans la boîte et le videur vida (drôle ça) sa lacrymo. Les effluves poivrés et suffocants mirent fin à cette mascarade. Je raccompagnai les deux jeunes femelles chez elle, et une fois rendu seul, sur le chemin du retour je composai intérieurement des poèmes indicibles et oubliables. Mon chat m'accueillit avec le respect qui m'est dû.

  Sous la lune, qui tachait la bâche impénétrable de notre tombeau nocturne, la nuit mourut, elle mourut comme meurent toutes les nuits: dans un silence crispé défloré par les gémissements de quelques camions poubelle.

  Je trouvai le confort léthargique du sommeil sans me branler. Mon repos ne fut troublé par aucun rêve malséant.

  Il y eut un lendemain! Avec une aurore, avec des sons, avec de la nourriture, avec des plaisirs. Je vis même une callipyge au visage enterré dans son cul si parfait qu'on ne croirait pas qu'il existât, même dans un roman aussi peu crédible que celui-ci.

  Comme cela se fait sur terre, une nouvelle nuit vint englober cette journée aussi. Je retournai dans le bar de la veille parce que, parce que, parce que. Cette fois-ci j'y retrouvai une cérébrale au corps lancinant que j'avais eu le bonheur de snober quelques mois plus tôt. Elle se souvenait de tout, de notre danse impudique, de mes cuisses, de ma gueule d'Indien. Je me souvenais de tout, sauf de son minois. La scène m'avait parue plus mémorable que les acteurs. J'en avais été très fier. Après s'être noyé chacun dans la bouche de l'autre en compagnie de Jésus, de Socrate et d'autres petits fours qui agrémentent si bien les conversations, elle se fit absorber par sa mini jupe. Stop talking and kiss me now avait-elle dit, je n'ai pas arrêté de parler.

  Histoire de me dissoudre un peu plus dans les conflagrations absurdes de mes noctambuleries, j'entrainai la fleur mortifère de la veille dans des valses sans objet. Avec elle j'étais certain de ne pas baiser. Sa carte bleue est un long poème en prose profond d'émotion, un corail doux de lumière diffuse, seul à même de donner du relief aux mornes battements de cils qui entravent la vision de la magnificence qui ne s'impose pas toujours à nous lorsque il faut partager pareils moments.

  Nos comportements vils trouvèrent leur limite (enfin!) au bas de son appartement où je refusai de donner une suite à tout cela, pour cause de sensibilité retrouvée.

  Encore une fois (mais pour combien de temps encore?) la torpeur épisodique écrasa mon corps dans un gouffre de draps plus très propres.

  Il faut que cette histoire trouve sa fin. Elle se présenta ce matin, comme le mur de béton s'offre sans retenue aux crash dummies venus le percuter.

  Je fus tiré du simulacre de la mort par un texto. Une meuf voulait tuer quelque moment en ma compagnie, alors que le soleil ne léchait pas encore son zénith. Nous n'avions passé ensemble qu'une heure et demie trois jours plus tôt. Cette relation débutait et promettait de décéder aussi vite. Je m'y rendis avec désinvolture.

  C'est une autre narcisse, névrotique, imbue et déshydratée.

  Cette autre narcisse bouddhiste (il faut haïr les bouddhistes), introvertie d'exubérance, brûlant intérieurement d'urée glacée, me parlait du sarcophage de plastique dans lequel elle protégeait désormais son somptueux iPhone, ou une de ces merdes indispensables dont je refuse de connaître la marque. Je l'avais trainée dans le plus joli coin arboré imaginable, à la fraîcheur, boire un immonde café. Cette salpingite refusa de me suivre dans l'herbe, quelques mètres plus loin, où je voulais l'asseoir afin qu'elle entendît de ma bouche l'un des plus beaux passages de la littérature française. Elle préférait rester au milieu des vieux qui prenaient la poussière, des enfants aux bouches définitivement ouvertes et des touristes bruyants, elle préférait abominer tout ce monde et me reprocher de l'avoir amenée dans cet endroit exempt de tranquillité et sommes toutes selon sa vision des choses, plutôt vulgaire. Je lui ai proposé de l'éviscérer à l'écart de la plèbe, arrachée à cette vulgarité qui agressait tant l'hermine ondoyante de sa divine intégrité. Mais non, elle voulait encore souffrir, elle ne voulait pas quitter ce monde pourtant si indigne de sa personne d'essence surhumaine. Son regard rouillé était la seule chose à préserver, tout le reste chez elle était à piétiner. Il n'y avait pas plus de grâce en elle que d'aptitude à la philosophie dans la tête d'un ver de terre. Cette salpingite était née à Dijon, ce qui est déjà bien trop d'honneur fait à son corps. Elle devait, après avoir déchu dans le sud où nul Aloysius Bertrand n'avait vu le jour, mourir en Avignon, mais pas de mes mains. J'ai maudit ses joues de trois baisers définitifs.

  Maintenant j'ai reconquis ma tranquillité. Je suis face à mon écran d'ordinateur et je pense à vous, et je vous parle, de bête à bête. Ce tunnel a trouvé sa lumière, elle affranchit mes minuscules vérités de son éclat sans adjectif. Je ne suis plus sûr de vouloir pervertir la vie de mes mots décharnés et incomplets. Je ne suis plus sûr de vouloir définir la poésie. Je ne suis plus sûr de vouloir toucher de mes os les muqueuses inflammées de mes féminines congénères. Je ne suis plus sûr qu'il soit mauvais de partager ses doutes.

  Comment dire?

  J'ai aimé vous parler, bien que le plus souvent je fusse le seul à le faire, mais! mais j'ai entendu les gargouillements de vos viscères, et cela m'a réchauffé l'âme, et m'a presque rendu à l'évidence de son existence putative.

 

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Interrogatoire des âmes

 

Trinité d'une finalité

 

Luttes intestines

 

Effroi lancinant du bien-être

 

Elégance

 

Aller-retour

 

Aveux spontanés

 

Balade immobile dans Babylone

 

Epure

 

Des vies seconde

 

Bluette cuisante

 

CyberLove

 

Réponse à Houellebecq, et à d'autres

 

Les phrases

 

Eau de vie

 

Rupture

 

Ex perfecto nihil fit

 

De petites histoires

 

Eternité

 

Mais la lune...

 

Dépouille

 

Sonnets fantaisistes

 

Deux poèmes métaphysiques

 

Souvenir du présent

 

Grave Bêtise

 

Scénettes ferrovières

 

Oreille cherche musique

 

Simple comme une rivière (triplement sonné)

 

Miroir maritime

 

Concert sans fin

 

Je suis Madame Bovary

 

Buvez-moi (6 intros et 7 sonnets)

 

Vous

 

L'étoile des toilettes

 

Retour de boîte

 

Hommages

 

Le diable, le ciel et les hommes

 

Beauté des échecs

 

La nuit n'en a jamais fini

 

Un matin, une journée, une nuit, une vie, enveloppés d'une malédiction

 

Chansonnette, plus un machin

 

Des minutes, des myriades

 

Voyez ce violon

 

Après

 

1

 

Découverte des astres

 

Cent matins

 

Dissertation

 

L'émoi c'est toi

 

Demi-poème

 

Supplique

 

Tarentelle d'Avignon

 

La belle hécatombe (miroir maritime II)

 

La bande du Big Bang

 

Duende

 

Strange fruit

 

Soumission

 

Nos agapes

 

Tentative de cosmogonie

 

Lourd et léger

 

Hija de punta

 

Ca va, ça va, ça va aller

 

Love letter

 

Looking fort he next rain

 

Partition poétique pour Gnossienne n°1

 

Home sweet home

 

Sonnet sépulture (mignonne)

 

El murmullo silencioso

 

Tentative de Tristesse

 

Las huellas sutiles

 

Partition poétique pour Gnossienne n°4

 

365 jours à regarder des photos

 

Toujours les mêmes...

 

Hommage à I.D

 

Etude n° 827

 

Inquitétude contemporaine sans Dieu

 

L'éphémère

 

Ainsi soit-il

 

Quelques minutes de bonheur

 

Hyperalgie de l'âme

 

window on your world

 

Je suis un constructeur de voitures

 

La marche pathétique

 

Derniers vers

 

Post-apocalypse

 

Saints-Sacrements

 

Particules

 

Combat perpétuel...

 

Une belle journée

 

Goutte dans l'océan

 

Passé, présent, futur...

 

Nous

 

Scène de 18h00

 

Long temps

 

PIOU PIOU

 

Dans la poussière

 

Aucun

 

La victoire ou la mort!

 

En un combat douteux

 

Vagabondage mélancolique

 

Hygiène de la solitude

 

Méthode pour un optimisme réaliste

 

Pile et face

 

Roulez, jeunesses

 

Bilan

 

La belle au béton dormant

 

Vision

 

Tout est parfait...

 

Comme toujours, comme souvent

 

Les amants de Maldoror

 

Zeus révélé

 

Face aux abysses

 

Dilution nocturne

 

...

 

Jadis, j'ai essayé

 

Douleur du retour

 

Echec

 

Prose du mécréant

 

Eros et thanatos?

 

Au-dedans

 

Rencontre solitaire

 

Ad libitum

 

en tous cas

 

Un soir entre potes

 

Romance

 

A hurler dans la foule

 

Je crains de tout détruire dans un accès de lucidité

 

Il le fallait

 

De l'inconvénient de se réveiller

 

Le jour est monté

 

Décalage vers le froid

 

Quarantaine

 

Au-dehors, en-dedans

 

Le mal des aurores

 

Western

 

Ici et là-bas

 

Considérations peu utiles

 

Papillote amère

 

Tragédie avec fin heureuse envisageable

 

Les consolantes

 

Nocturne Eden

 

Parenthèse

 

Iles

 

Je ne sais plus rien

 

Bêtise

 

Arrose l'orage

 

Idéal

 

Eternel retour

 

Circuit fermé

 

Nuit de bitume

 

Et tu l'as injuriée?

 


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