Manifeste foutatif (hommage à Lepetit)
Je me fous de Verlaine
je me fous de Rimbaud
je me fous du Créateur
et des Super-Héros
Je me fous du Soleil Noir
et de la mélancolie
je me fous des entonnoirs
et des echolalies
A, à, à la queue-leu-leu
je me fous de vous c'est certain
de mon destin piteux
de tous les lendemains
Foutons-nous en
par tous les trous
foutons-nous en
puisque nous sommes mous
Je me fous de mon foutre
et des "ah la la que c'est beau"
je me fous de dormir, mourir
ou de trouver le repos.
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Romance de dix heures à minuit
Nous voilà pâles et irrigués de sang vert
sur un trottoir sans âme qui va où l'on se perd
et dans le ciel gerce un sourire affreux
un laser froid, sans dent qui rit de tous les gueux
Peste nous sommes, la peste pour nous-mêmes
et c'est sur notre chair imméritée et sale
presque infinie comme un vice infernal
que nous cherchons des doigts, pas les nôtres, qui nous aiment
De table en table, de fruit en fruit, des vers
nous forons dans la nuit un tracé alcoolique
mouvance des corps comme un long alambic
nous sommes vapeurs et pets, furie molle et grégaire
Poète, jardine! tes ongles recourbés
feront des sillons d'eau pour une fleur tombée
et tous tes pleurs de crocodile charogne
la noieront un peu plus, va, animal: besogne!
Nous voilà pâles et irrigués de sang vert
tous bouffis et cruels, plus morts que des enfants
de douze mille ans, et au bras d'un tourment
espéré nous allons tétaniser nos nerfs.
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Etude comportementale
Craque souffle d'essence vaine
pas de loques sur noir tapis
les enseignes assassines nous appellent
comme insectes les lueurs du paradis
Bzzz bzzz, nos ailes flasques
entourloupent de vagues niaises
fausses dupes aux herpès labiaux
vétues comme vétustes malbaraises
Ivresse d'un désenchantement
tour de sorciers éculés
nos doigts trahissent le malaise
fume clope d'un idéal enculé
Intestinalement ça fluctue
moi j'aime ça la fange
et ces poupées qui remuent
parce que l'odeur les dérange
On s'échange inflorescences moisies
éructées depuis nos molaires
c'est pas toujours incisif
mais ça embaume un peu l'air...
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Par la grande porte
Nous prenons racine
de façon spéctaculaire
tentaculaire
et irréelle
ce sol meuble
de poussière
d'octets et de fer
est une gangue reine
pour notre existence
éphémère qui fermentera
dans le sexe
la vodka et les pizza
il en restera
des trucs, p'têt bien
abîmés dans des
liens commerciaux
nos cadavres flotteront
sur le futur curieux
parmi des drames
en préparation
parmi des bites géantes
parmi des étudiantes
des propositions de crédit
c'est ainsi
que nous rentrerons dans l'Histoire