La poésie me dégoûte
j'ai une nausée arc-en-ciel
insoluble et solitaire
âcre comme un bon whisky
autant des lèvres superbes
de l'espace au fond de l'âme
du soleil mouillant les toits
de ce qui fait péter la cervelle
je crains de tout détruire dans un accès de lucidité
Dans ma pensée désolée, vaste monotone et calcaire
comme dans un musée giflé par le temps
planent de lourds fossiles, menaçants
je crains de tout détruire dans un accès de lucidité
ma relation à l'arbre de vie
la saveur de ses fruits amers
je crains de désenchanter la nuit
et la joie du calvaire
je crains de tout détruire dans un accès de lucidité
le risible envol de la psyché
percer la langue des oiseaux
ne plus vagabonder aux enfers
perdre le goût du tragique
je crains de trouver les restes de notre humanité
dans les vestiaires de Buchenwald
là où Mickey en tenue de cérémonie
révèle le montage du grand assemblage
la poésie me dégoûte sur les tombes
quand les cieux nuageux vomissent des papillons
lors d'un automne printanier
et que je voudrais simplement pleurer
dans les yeux des anges, j'ai vu plus de tristesse
que de divinité dans les corps.