Sonnet de la haine
Qui m'a fait mauvais, impuissant
à aimer? je n'ai de profonds
sentiments que dans le sillon
de la colère et de son chant
Je rêve de voir sur mon visage
au travers d'un miroir humain
l'expression d'un tout doux entrain
mais ce qui m'émeut, c'est la rage!
Qui m'a fait mauvais, c'est vous? Toi?
ou le roulis faiblard, malsain
des molles gentillesses, leurs mains
Sales et tendues, tournées vers soi?
je ne sais qui m'a fait mauvais
mais je chéris ce coeur crevé.
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Hécatombe
Ma courbe ascendante promet une belle
chute
quand tous les regards
se détourneront
quand j'aurai, comme tout un chacun commis
l'impardonnable
que je ne regretterai même pas
Heureusement je verrai alors dans le bitume brisé
de mon banal parcours
une allégorie de quelque chose de nourrissant
pour les insectes
une histoire encore à ségmenter
dans un partage
sous l'orage de nos dissemblances infimes
Me serais-je écrasé avec la grâce qui vous est dûe
entre deux queues
au supermarché, des destins à comparer
au poids du caddie
mes amis sont au défilé Tragique
ce que
les fleuves sont aux ordures envahissantes
Il faut bien nourrir le présent
pour ensemencer demain
ce mouvement n'est pas négociable
bien qu'irritant, à la longue
j'accepte les cartes de fidélité
les coupons-réduction, les codes
preuve ébouriffante de notre humanité
Mes amours
sont inquiètes, et les vôtres?
la couverture est chaude
les mythes décapités
la sensation du Tout parfois capiteuse, mais ça n'explique rien
peut-être ma carcasse fertilisera
des frères nécrophages
C'est bien tout ce que je souhaite.
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Chant de la lutte
Feu
mlle
Noir esprit fiché
répercuté entre tes ellipses de rimel
bouche parenthèse couchée
revois tes thèses anciennes poupée
ton enveloppe a de quoi souffrir
quelques souffles plaisants
et secs
vifs
contre toi je conspire
des concepts malsains
de langueurs
le soleil rogne ton aura
rageur
douce caresse griffue
par monts et par vaux
imperceptible cheminement
jusqu'aux fils issus de ton cerveau
chopés
plafond!
Comme tu es ...pratique
peut-être belle
toute petite montagne
molle et parcourue
irriguée, statique
sens l'escalade délicate de la hargne
qui te repousse
la nature en dedans
les dentelles sur ta nuque
fragile
injectent, étalonent dispersent ce
venin attendu
joli chaînon autour de ton cou
Nous y
sommes
en somme, voilà
je
saccade
mes
coups
hoquets
con
tenu
mouvements
miroirs
morcelés
Nous voici en géométries cassées
opéra d'une opération
sur carrelage glacé.