Je t'ai maudit
de soif tantale
je t'ai conchié de chair périssable au vent des saisons
je t'ai affalé au plus bas
j'ai ancré en ton squelette le désir d'un être absent
d'un fruit qui te ronge
je t'ai exilé au loin de la luxure jamais satisfaite
j'ai fléché ton âme dissoute de chemins introuvables
je t'ai anéanti de rêves flous et acides
tu as roulé au bas du vide d'une terre qui tombe au tréfonds d'un espace
magmatique aux échos brûlants
Je t'ai maudit entre tous les êtres
j'ai maudit ta langue, je l'ai percée, rendue impropre et folle
je t'ai parqué dans la brutalité d'une race incapable d'expression parfaite
j'ai placé une bombe entre les dentelles de tes entrailles
Depuis la première aurore spongieuse
je mastique avec délectation ta dégringolade
tes gesticulations d'insecte ambitieux
sous le ciel que tu crains et juges précieux
J'ai cadenassé ton esprit d'un verrou irritant
je t'ai débarrassé des dieux secourables
segmenté ton courage en vermisseaux fuyants
je t'ai menacé d'un enfer ineffable
Je t'ai maudit
pour toujours
et tu me nommes
l'Amour.