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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 12:11

 

 

   

  Elle possédait la ville, chaque rue, et des secrets qu'il valait probablement mieux ignorer. Elle avançait sur le trottoir comme à la fois l'oiseau et la marée noire. Sa claudication sûre et stable inquiétait et mettait en porte-à-faux toutes les conceptions humaines de la géométrie et de la posturologie. Difficile de la différencier de l'asphalte, de nos pires cauchemars d'enfants, d'un dieu japonais. Chacun l'avait vue, personne ne la connaissait. Une nuit je l'ai croisée, superbement enroulée dans ses rêves impénétrables, son corps tordu comme un sentiment. Alors que l'hiver crépitait de ses feux, j'ai eu peur, et j'ai voulu l'aider. Elle a relevé son visage et je n'ai plus voulu l'aider.

  Une tête à pétrifier Gorgone elle-même.

  Son urine incommodait les chiens, et les pigeons y réfléchissaient à plusieurs fois avant de tremper leurs pattes dans les ombres jaunes et grises qui s'étendaient sous sa silhouette quand elle décidait de relâcher son flux, le plus souvent à l'endroit même où elle se trouvait, sans plus de considération pour l'hygiène élémentaire.

  Quand elle s'affalait au milieu des poux et des ordures, c'était une immense Cléopatre régnant sur de minuscules pyramides, et Soleil, le Grand Soleil, hésitait à la recouvrir de rayons, car nul ne pouvait prévoir ses réactions. Le son de sa voix était aussi rare et inattendu que la chute d'un météore dans votre poche.

  Sa laideur approchait la perfection d'un requiem orchestré après le bombardement d'une ligne de front. Enfant, je l'aurais certainement choisie pour mère, et elle m'aurait chassé à coups de bâtons, et je l'aurais aimée et désirée plus fort encore.

  Toi, lecteur! si tu viens à poser tes horribles pieds sur la cité des Papes, cherche cette créature, comme on cherche du regard le monstre reclus dans la pénombre, le monstre qui saura nous décrocher le coeur et le faire s'effondrer aux plus bas étages de la conscience après qu'il a été propulsé par-delà de nos cheveux. Cherche la Divinité du Mystère.

  La Ville accouplée avec les Hommes, de plusieurs saillies infectieuses et iniques ont engendré cette princesse des confins de l'être social.

  Elle ne puait pas autant que ce que l'on aurait imaginé, ou souhaité dans notre cervelle détritus, car au fond, je crois que la pestilence la redoutait et qu'elle préférait encore envelopper d'autres corps, moins difformes, moins inhumains.

  Jamais les autres dieux ne lui adressaient la parole. Elle était plus solitaire qu'un dinosaure lépreux recraché dans notre siècle. Plus riche également que Midas: tout ce que son auguste main venait à toucher se muait en rebut, en déchet, fange et immondice quelques minutes plus tard.

  Qui aurait pu ne pas l'aimer? moi je l'aimais comme on apprend à craindre et vénérer notre Seigneur dans le Grand Livre. Passer à ses côtés était une bénédiction, de celle qui touche les extasiés mystiques, de celle qui envahit l'oeil du spectateur en visite dans les plus fastueux musées. Le trésor de ses pensées me restait pour toujours scellé, et tant mieux! qui sait s'il est supportable de contempler les horreurs de jaspe, d'émeraude, de sang et de pisse agglomérés qui ont irrigué cette créature de perfection, qui ont généré la princesse du Mystère et l'ont déposée dans la ville d'Avignon.

 

 

 

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commentaires

L
<br /> J'ai erré, il y a bien longtemps, le long du Palais des Papes, sans jamais rencontrer personne, puisque j'avais un amoureux qui me tenait par la main ...<br /> Je ne voyais que nos ombres dans la nuit et je n'ai pas rencontré la Princesse du Mystère.<br /> J'ai toujours été réputée pour ne pas avoir le nez fin.<br /> <br /> <br />
Répondre
I
<br /> <br /> Si c'était il y a longtemps, elle n'avait peut-être pas encore versé dans son Mystère. Et puis comme tu dis, lorsque l'on marche avec quelqu'un au bras, on est moins sensible au monde extérieur<br /> que si l'on déambule seul.<br /> <br /> <br /> <br />
R
<br /> remarquable de densité<br /> <br /> <br />
Répondre
A
<br /> Un parfum de mystère se dégage de ton texte...<br /> <br /> <br />
Répondre
I
<br /> <br /> Ah le mystère et les femmes... sourire<br /> <br /> <br /> <br />

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