En résumé on peut dire que les industriels ont su mentir à nos politiques, d'autres petits bonshommes aussi crédules que convaincants.
L'an 2010...! Excusez-moi de me répéter, mais quand je m'imagine petit môme de huit ans dans la fin vague des années quatre-vingt, 2010, c'est pas rien.
Malraux, qui n'a pourtant pas fait fortune dans les horoscopes, et qui était bourré de tics nerveux, fut l'un des visionnaires français les plus avisés, au contraire, par exemple, d'un Paco Rabanne, au calme olympien dans sa transe téléguidée mais incapable de prévoir avec précision le temps de cuisson d'un oeuf coque. Malraux avait vu les dangers du turban, alors que Paco Rabanne ne voit même plus qu'on se fout de sa gueule (je précise que ce n'est pas de ma faute si Paco Rabanne est grotesque depuis le temps de Desproges jusqu'au notre) ! Pour ce qui est de la célèbre formule -de Malraux donc- sur le "monde qui tremblera quand la Chine s'éveillera", elle est de Napoléon Bonaparte, et n'a donc rien à foutre ici.
Enfin tout ça pour dire que des véritables visionnaires, il n'y en a pas tant que ça, et le plus con, c'est que lorsqu'on les a sous les yeux, impossible de savoir s'ils sont de vrais prophètes ou des charlatans; quoique s'ils vendent des fringues et du parfum à leur nom, on peut avoir un doute légitime.
Cherchons nos visionnaires. Et écoutons-les. Parce qu'aujourd'hui quand on pense à 2040, il n'est plus question de voiture volante, il n'est même plus question de voiture du tout. Finalement il n'y a que l'ordinateur qui ne nous a pas déçu. Ce n'est pas très bandant, mais c'est sûrement l'avenir de l'homme.
L'an bionique 2010 est là sous nos yeux. Il a neigé en Avignon, de parfaits petits cristaux de glace en tous points identiques à ceux que j'essayais d'absorber avec la langue, comme tous les gosses débiles de huit ans, dans ma cour de primaire, en un temps où le futur se vendait comme une superproduction Hollywoodienne.
Il parait que l'argent disparu pendant la crise financière créé d'infimes vrombissements dans la matière noire, et que les bosons de Higgs menacent de faire s'effondrer la masse gravitionnelle de notre galaxie sur elle-même, il en résulterait un hypothétique méga trou-noir dont l'amplitude reste incertaine à cause de Madoff qui a pas rendu tout le fric.
Je ne sais plus trop quoi penser, en des temps normaux, je vous aurais souhaité bonne année, et la tartine habituelle de meilleurs voeux. Mais la situation est tellement désespérée que je ne suis pas certain d'arriver au bout de cet article avant la prochaine crise humanitaire ou la découverte d'une pierre sumériene annonçant en cunéiforme la fin des temps pour après-demain.
Ce cher Desproges avait laissé comme message sur son répondeur, pour l'an 86 si ma mémoire est bonne, "bonne année mon cul! ". Au siècle qui est là et bien là, à nos contemporains qui sont là pour l'instant, ayons ce geste exquis, cette ultime dignité dans l'outrage, cette grace et cette pertinence dans la génuflexion pantalon baissé, le cul serein et triomphant à la face de l'an qui vient, ou à tout le moins, un digitus impudicus. Bonne année!