drôle de fatras vaguement organique
drôle de fatras comme un animal
boursouflé de six ailes un pied de mouton
son oeil unique est fendu d'un bec de lièvre
drôle de fatras tout à fait chimérique
observable à la vérité des miroirs
ou simplement la table d'à côté
son corps ineffable est zébré d'absurdes blessures
quand on tape des mains pour l'applaudir et l'encourager
(parce qu'il fait de la peine, disons-le)
il déplie ses ailes immenses et inaptes
comme on se perd dans une phrase qui n'a pas de sens
et c'est là sous nos yeux, un fatras plus drôle encore,
labyrinthesque machine ordonnée par un dieu épileptique;
il ronfle, il enfle, il essaie et aux confins de ses tentatives
abandonnant l'instinct naturel de la fuite
la drôle de chose qu'il nous semble connaître
s'offre un orifice qui pourrait être une bouche
ses côtes ramdament, s'agitent et se téléscopent
nous sommes fascinés, plus que jamais attentifs
et
au bout de ce hoquet terrible
au faîte de la dramaturgie
il vomit
une chose semblable à lui-même
mais minuscule
et cette horreur fragile
nous aggripe le coeur d'un effroi
car il arrive à parler
dans un souffle asthmatique
dans un grincement de muqueuses
il parvient à un efficace et pathétique:
"Pââpââ...?"