Ici tout est réel
humide et zébré de lumière profonde
c'est un climat propice aux monstres
aux apparitions jaunes
aux nuages cousus comme des tissus
humains
un fleuve orgiaque et fertile enfle et grandit
pour mourir où rien n'est vraiment fini
ce monde accouche d'invraisemblances
où nos yeux sidérés roulent en cadence
pourtant le corps est ailleurs
dans sa rivière de spasmes et de sueur
une vérité absurde et indéniable
s'affiche comme un néon
au coeur de brumes compactes
les amis interchangeables jouent les seconds rôles
une autre tête habite leurs épaules
et quand ils vont enfin parler
passe une voiture tapissée des symboles de la mélancolie
parfois, les muqueuses s'enhardissent
et pleurent leurs détritus
sur le comptoir du bar paradoxal
quand des serpents brillants, bleus ou jaunes
s'infliltrent à travers les parois
d'autres données viennent tout bouleverser
oh !
à tâtons un ongle se pose
sur le sol rongé
qui s'effondre
une étrange rosée glisse entre les omoplates
Ici tout est réel
enveloppé dans sa chimère
un instant qui paraît éternel
entre rêve et cimetière.