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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 13:01

 

 

  Je m'en souviens maintenant
comme d'une chanson dont la peau-mélopée, sèche et légère
s'éloigne en décrivant dans l'air
une danse ondulatoire ou des signes kabbalistiques
c'était notre monde nouveau
rutilant
de tôle en fusion
de béton acide
de mots et de commandements lancés dans des câbles sous-marins
sous la terre étouffée
entre les nuages, comme des éclairs invisibles
je m'en souviens maintenant
que ma tête se balance d'avant en arrière pour respirer
dans mon appartement planté dans le présent
je me rappelle des chairs épaisses, tristes,
aux langues glacées, aux yeux comme des animaux en voie d'extinction
il y avait eu un univers de promesses, en héritage
et puis un sortilège de désenchantement
pour rebattre les cartes
et j'aimais tout, même l'horreur
les fantômes tarés qu'on croise dans ces films encore plus réels
qu'une grippe intestinale
je me souviens que j'aimais avoir mal, pour les autres
je me souviens que l'alchimie
offrait
de transformer les corps labourés
les cris porcins de la nuit
les pleurs secrets de la lune
en une boule météoritique de couleurs vives, de contrastes crépitants,
de musiques, d'inversions proportionnelles dans les sens
en feu d'artifice, en souvenir du futur

  je me souviens que toutes les pertes amalgamées
compressées, broyées, molécules soudées
pouvaient se fondre comme un accord, de la fondamentale à la quinte
changer le crissement des dents en valse enivrante
l'errance en épopée,
le sable du doute en miroir précieux
le cadavre fumant du rêve en tableau somptueux
la mémoire de l'aliénation en symphonie vertigineuse

  je me souviens qu'on s'asseyait là
entre le sifflement des bombes journalistiques d'une réalité en

con
struction
pour contempler dans les fissures du ciment
la gigue des fleurs en chair
aux hanches brillantes comme de l'acier
le désespoir étincelait sous la forme solaire d'un autre temps
sur l'herbe lancinante d'un no futur, la beauté au creux de mon épaule,
je léchais des doigts la danse géométrique des insectes poètes
au-devant d'un fleuve, grand convoyeur de pensées

  je me souviens des cimetières vivants
percés au centre de la Grande Capitale
des chants de larmes percutant les ossuaires
et des rivières entre les allées qui toutes traînaient au ciel
et tout autour de la terre un chemin stellaire
de magique fonction de l'âme

  je me souviens qu'en remontant des enfers
les arbres se penchaient pour nous accueillir
aux côtés de pierres luisantes d'un éclat plus charnu
que l'orgasme de la plus belle et l'air
avait un goût de champagne
 
  je me souviens des quais de la gare aux angles secs
du froid vent qui part et s'engouffre sous les vêtements
pour une destination au bout des parallèles
vers les villes et les forêts qui se cherchent
puis, au coeur des paysages déchirés par la vitesse
les histoires inventées dans les chiottes, poèmes de princesses

  je me souviens de l'autre ville au bout du quai
du flot de peau recraché dans l'informe
les lumières de la ville sont des poèmes pointus
des étoiles vivantes et déchues
pour les marins sans océan
marins aux regards exilés
immenses vagues figées
Méduse, tu abandonnais des trésors de larmes au fond des yeux

  Retour au point initial
je me souviens, je me souviens, je me souviens
des draps de la raison comme un serpent assassin
du soleil magnifique et fatal
son rayon roulant qui écorche tout
dans la cité aux vertèbres nues
hier comme un rêve de galets, plus qu'un écho
les couleurs ruisselantes, fuyant par l'égout
un musicien traqué, l'archer en travers de la gorge
western après la tornade
des enseignes absconses qui saignent une sève transparente
tout est en verre
tranchant
insipide
dans les miroirs aux soupirs
je cherche vos souvenirs

 

 

 

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commentaires

M
magnifique épopée !
Répondre
I
<br /> <br /> peut-être trop abstraite pour beaucoup de gens, mais merci<br /> <br /> <br /> <br />

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