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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 13:56

 

  Communion

 

  Je reviens encore du freak show
des nuits délabrées, sans palabres
c'est bon de ne pas dire un mot
d'être un arbre parmi les arbres

  sensible aux tremblements de terre
et arrosé du haut en bas
mon être déposé au vestiaire
mon être et tous ses aléas

  Nous étions une forêt débile
hystérique et battue au vent
tribu d'épouvantails futiles
raides, hilares et parfois méchants

  des arbres à bite et à nichons
parcourus par la tectonique
d'un dieu obèse et pâlichon
certains avaient l'air transgénique

  Je suis l'arbre indien il parait
un peu risible et incongru
comme un totem déraciné
grimaçant et trop chevelu

  nous étions la forêt débile
la lumière nous a recrachés
un peu effrayants dans le ville
chacun est parti se cacher.

 

_________________________________________________

 

  La Famille

 

  Les natifs grattent au sol perdu
les débris qu'ils ont cru voir
dans des rêves de nostalgie
une époque non advenue

  Ils sont ensemble et tout seuls
amoncelés dans la solitude cafardeuse
de désirs à peine partagés
ils dégustent ce qui sort de leur gueule

  Les natifs n'ont jamais eu de patrie
ni la nuque mobile
c'est tout un bazar pour regarder derrière
sans se retrouver flétris

  Apatrides et appaisés, parfois
quand viennent les volutes soyeuses
d'une nuit étoilée
ils espèrent être sur la bonne voie

  Et la boue, et la gorge nouée
et leurs trous portés au pinacle
ils en remplissent des pelletées
les natifs n'attendent pas de miracle

  Ils ne souhaitent que vomir
leur état-civil pour les suivants
laisser un message vivant
l'adresse aux errants de l'empire...

 

____________________________________________________

 

  Règles du jeu (I et II)

 

  I

  Après
la crasse retombe
ensablée de fourches molles

  Après
je retourne à la poussière
je suis la bombe désintégrée

  Le monde se disperse
en pérégrinations lointaines et inutiles

  Que j'aime ou que je haïsse
je vois mal la différence
un chimpanzée, une flikette ou un prix Goncourt
bidon d'essence
allumette
cendre

  Et le tapis de cendre retombe
schlof

  J'ai encore engrossé un ange invisible et fuyant
mais il me laisse ma crasse, le bon

  Courage courage courage
qui sait si nous mourrons? on le dit
mais on dit tellement de conneries
ce n'est pas si rassurant.



  II


  Et je sens le mal
un peu trop lointain
j'ai du mal à ouvrir les main
ce jour est fragile, léthal

  J'ai aujourd'hui peu de force
pour mastiquer la chair
une musique perturbe l'air
une guerre peut-être s'amorce

  Hier, je faisais peur
à des femmes viriles
ou bien je plais par erreur;
il m'en reste un peu de bile.

 

__________________________________________________

 

  Cocktail

 

   Dans le sang et le sperme
j'ai senti l'infini
un éternel instant

  avant de me dissoudre
de nouveau
dans des chairs renaissantes

  Dieu ne m'a rien dit
le cosmos respirait en silence
de l'autre côté

  des volets mi-clos
peut-être
quelqu'un contemplait

  le mélange sacré
hématique
et lactescent.

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 13:39

 

                                            Les Muses imparfaites

 


  On avait tout le temps de devenir célèbres. Tout le temps d'être géniaux. Tout le temps de se soûler jusqu'à la lie de l'existence, d'en devenir violets, d'avoir les veines saillantes d'émotion coagulée. Y avait les mieux partis, ceux en qui l'éducation nationale misait comme sur un étalon arabe pur sang arrosé de nitroglycérine, les chefs de file de la future génération de "grands", ceux qui se coltinent des 18 en philo, qui laissent les profs de Lettres songeurs, voire jaloux, ceux que les Beaux-Arts reçoivent comme des ambassadeurs du futur, les Hemingway, Miller, Fante, Céline, Basquiat, Lynch de demain et d'après-demain, des garçons et des filles qui en jettent, et puis y avait les autres, derrière, qui au milieu de pas grand chose s'étaient rendus coupables de quelques coups d'éclat un jour que ces salopes de Muses, après les avoir snobés au berceau, avaient daigné leur claquer une petite pichenette sur le front. Inutile de vous dire de quelle espèce j'étais le représentant. Inutile. Y avait les bosseurs talentueux, les acharnés doués "a minima", les pistonnés, les dépressifs aux doigts d'or, les fils et filles à papa-maman, ceux à qui le Ciel sourit, ceux sur qui Il vomit chaque matin, des névrosés, des autistes schizoïdes, un peu de public aussi, et dedans quelques groupies; à l'école certains ont déjà des groupies. Franchement, bien malin, bien devin, celui qui aurait pu prédire qui irait jusqu'au bout de son délire, qui se ferait rouler dessus par le train de la vie, qui sauterait tout en haut de la falaise, et parmi les sauteurs, qui se verrait pousser une jolie paire d'ailes fonctionnelle et pourrait les agiter en faisant "flap flap" dans les nuages avec un sourire de chérubin barré au milieu de la gueule. Voir tout ce gâchis en gestation, je vous le dis c'est pas pour faire ma chochotte, mais ça me brassait déjà pas mal.

  Des fois, quand on commence à écrire un truc, on sait parfaitement où on va, on a même déjà la phrase finale, la chute, qui s'est imposée à nous, et voilà, on fait le boulot, comme ça, en y prenant plaisir (sinon vaut mieux se pinter la face entre copains, si on a des copains), et des fois, ben non, on excrète difficilement ses viscères sur la table d'opération, et on regarde avec not' pote le lecteur comment ça va se mitonner. C'est le deuxième genre auquel on appartient là. C'est évidemment le plus délicat, on se laisse surprendre, parce que, si il y a une putain d'âme dans ce corps douteux, ben c'est là qu'elle prend la parole; d'ailleurs, c'est mieux de se passer d'alcool, parce que c'est trop grave. On risque de dire "des choses", autant pas en rajouter, rester sincère et froid, et tant pis si c'est pas drôle.

  J'ai rarement eu des 20 à l'école, suis pas un génie moi, tant mieux, les génies sont pas toujours très pédagogues, au moins vous comprendrez ce que j'ai à dire, même si vous êtes plus intelligents que moi. Je l'ai chialée cette histoire, souvent. J'ai mis l'essentiel en bouteille. On va ouvrir une bouteille ensemble: millésime? ce qui se fait de mieux (ou de pire). Santé.

  La plupart des gens dont il sera question ont passé par Valence. C'est là-bas que la métaphysique a pris corps. C'est un trou du cul cimenté Valence, hormis trois-quatre immeubles vaguement haussmanniens, toute la ville est de bric et de broc, de ce sale béton branlant et aujourd'hui fissuré qu'on a trouvé au sortir de la Guerre pour reconstruire les provinces bombardées. Valence, c'est plus moche et plus triste qu'une chorale de croque-morts sur un parking Auchan. Ok, y'a le kiosque Peynet (à part dégobiller sa mièvrerie dans le gosier de son amoureuse, ou se torcher à la 8/6 je vois pas bien ce qu'on peut y foutre, mais passons) et la Maison des Têtes. Superbe la Maison des Têtes: trois mètres de large au sol, sur deux étages, voilà le gothique flamboyant décrépi qui fait benoîtement s'extasier les deux touristes qui viennent se perdre à Valence chaque année. Passez en Avignon, et vous verrez, des Maisons des Têtes on en a tout le tour du ventre. Fierté. Pour le reste, Valence, c'est morosité et promesse de se tailler dès qu'on peut. Voilà, désolé pour cette description, d'habitude je joue pas trop ce jeu-là, mais cette fois-ci vous comprenez bien que ça donne le ton.

  L'histoire commence dans une beuverie sympathique, au bord d'une rivière d'apocalypse, dévastée des semaines plus tôt par une crue de tous les diables. Elle aurait pu commencer la fois où j'étais avec mon cousin Evaristo qui se roulait un pétard de pakistanais sous mes yeux, et que du haut de mes douze ans je m'étais connement ému de ce que ce type exceptionnel fût un drogué. Mais la rivière, c'est mieux: on y était tous. J'étais aussi un peu plus âgé, et un peu moins débile.

  Donc: moi, la rivière exsangue toutes tripes à l'air, des tas de bouteilles, des joints partout, une jolie lune (si si, je me souviens bien) et cette troupe de gens plus âgés que moi, tous jeunes adultes, que j'allais pas tarder à admirer pour leurs talents respectifs. Ca rigolait dans tous les sens, ça dissertait sur des auteurs dont je connaissais même pas le nom, ça s'exaltait en promesses à la lune de faire des trucs dingues: réécrire la bible, baiser dans l'eau de la rivière (pourtant plus noire que la soutane d'un curé), devenir les nouveaux Gong et Zappa etc etc. J'avais quatorze ans et je voyais bien que c'était CA la vie. Que tout le reste c'était qu'une franche hallucination de tristes sires abreuvés d'un LSD d'austérité.

  Y avait Gorki, un type bien gras, plein de théories malignes sur l'Art et la société (je captais rien à ses propos, mais je sentais bien qu'il était loin d'être con), très pervers et super drôle, Francesco, grand amateur de dictateurs que tout le monde voyait en futur historien des guerres les plus sanglantes, Annabelle, peut-être la plus brillante de tous, qui cartonnait en école d'Art, Evaristo, mon cousin clodo-christique, sombrement lumineux et poète hors-paire (les filles se pâmaient) et une ribambelle de musiciens, pour la plupart gratteux, avec un ou deux vraiment doués dans le tas. Tout ce bon peuple n'hésitait pas à refaire le monde comme on dit, gorgés de vin, de rhum, de whisky et de drogues dont je soupçonnais même pas l'existence à l'époque. D'autres appartenaient à ce cénacle sans être présent cette nuit-là: un frère et une soeur, l'un théâtreux, l'autre peintre (qui donnait ses lettres de noblesse à l'expression péjorative de "croûtes"), des philosophes de couloirs, etc etc. A l'exception d'Annabelle, tous passeraient de gré ou de force par la rue, les squatts et la misère quotidienne.

  Au bout de quelques années de ce traitement, le sort de certains d'entre eux était déjà scellé au béton funéraire du destin:

  Gorki avait eu l'honneur d'être parmi les premiers à se plonger dans l'univers underground de la "free party". Dès 93 il agitait son corps adipeux devant des murs d'enceintes de quinze mille watts, nourri aux ecstasys, au LSD, à la coke, au speed, aux frites mortifères et à des sandwichs qu'auraient repoussés des affamés un peu regardant (le mouvement free party était dirigé par des Anglais). Comme beaucoup de ceux qui ont découvert ces substances le week end dans de jolis coins de nature, il ne tarda pas à en ramener pour la semaine, puis ne passait bientôt plus en "teuf" que pour se fournir et s'enfoncer dans une polytoxicomanie hébdomadaire  joyeuse. Mais ça allait encore. Quand ses proches (ceux qu'il n'avait pas encore niqué pour cent francs) se rendirent compte qu'il avait opportunément remplacé le LSD, le MDMA et toutes les amphétamines imaginables par la seule héroïne, ils s'aperçurent que le futur grand romancier empruntait une voie rocailleuse (avec quarante ans de retard sur la Beat Generation). La kétamine finit d'en faire une épave titubante, idiote, bouffie (alcool) avec un oeil de traviole (conséquence rare d'un abus d'acides). On avait failli côtoyer un prix Nobel.

  Francesco ne tergiversa pas autant avant de faire don de son corps à la brown sugar: il se retrancha bien vite avec sa bière et sa came dans un réduit miteux de village pour laisser vagabonder sa schizophrénie. Ca avait toujours été un misanthrope, qu'il se reclût n'étonna personne. Mais ses accès délirants et paranoïaques en firent un infréquentable. Parfois on venait tâter le terrain, prendre la température mentale du bonhomme et pendant les accalmies c'était un type très fin, spirituel. C'était un peu notre Céline de Meudon, tout aussi antisémite et gouailleur.

  Untel avait choppé le Sida, et en finirait tout aspiré de l'intérieur avant la découverte des trithérapies, tel autre se balancerait une cartouche de fusil dans le front (ce qui implique une gymnastique pas si évidente), la peintre aux belles croûtes visitait tous les HP de la région au point de s'en trouver éternellement abrutie par les cachetons (opération, il est vrai, débutée sans ordonnance par ses propres soins).

  Annabelle se préserva assez vite de cette malédiction des Pharaons valentinois en exportant son talent et son travail vers Paris. On eut bientôt plus aucune nouvelle d'elle. Peut-être s'était-elle faite foutre en cloque par un mâle sans grâce qu'elle aimait éperdument avant de s'apercevoir que sa vie s'en trouvait gâchée.

  Aux soirées qu'on passait avec Evaristo, pendant la décennie qui suivit, nous faisions régulièrement l'état des lieux de cet aréopage maudit. Mais nous, nous n'abandonnions pas. Lui le génie, moi le laborieux un peu crétin. Lui ambitionnait humblement de bouleverser la poésie et la littérature, moi d'écrire un jour quatre lignes qui tinssent debout. Je l'idolâtrais profondément.

  On échangeait sur Artaud, Lautréamont (qu'il me fit connaitre), Neruda, Brigitte Fontaine, la musique, la politique, le sexe et les ordinateurs. Il n'avait pas "tout" lu, mais ce qu'il avait lu, il l'avait assimilé. Sa culture musicale était une des plus vastes que je connusse à l'époque. Au cours de nos beuveries éclairées il me dépucelait les oreilles à coup de Malher, The Pogues, Kraftwerk, Suzanne Vega, Nina Simone, des essais musicaux de Charles Manson, d'Artaud au xylophone...

  Il travaillait peu l'écriture. Cet imbécile refusait de croire en son potentiel dès qu'une forme de bonheur, de stabilité s'approchait de lui. Il ne savait pas sacrifier l'amour. Sa première vraie histoire de coeur le préserva d'écrire plus de trois vers en six ans. Il craignait probablement de s'investir dans ce gouffre au détriment de sa vie de couple; je ne vois pas d'autres explications. Quand la fille l'eut lourdé, il composa des contes noirs, voyagea en Europe, en Afrique du Nord et en Amérique du sud, se remit à la poésie et n'avait rien perdu de sa plume trempée d'émotion.

  Puis il rencontra le second amour. Lui fit un enfant. Il reposa sa plume dans son sarcophage de torpeur, remisa son talent évident au grenier, au-dessus de la maison du bonheur. J'essayais de piquer son orgueil à chaque entrevue, à chacune de nos conversations téléphoniques. Même si ça l'agaçait, ce n'était pas sans effet. Surtout que moi, je ne lâchais toujours pas. Il m'arrivait d'accoucher d'un quatrain à peu près potable, d'un vers par-ci par-là pas tout à fait dénué de sens ou d'un peu de musique. Lui qui était tellement supérieur à moi, et d'une bonté excessive, ne pouvait refreiner un peu d'aigreur, et même une fois, alors que mon texte était loin de mériter d'entrer au Lagarde et Michard, il conçut une minuscule jalousie de constater que partant d'en-dessous de zéro, j'arrivais à progresser. Peu de temps après, il me fit la joie de proposer un travail en commun, et un travail de titan: neuf cent quatre-vingt-dix-neuf textes. Je m'y attelai d'arrache-méninges. En trois mois j'avais une cinquantaine de machins (j'écrivais très lentement), dont à peine deux qui ne me fissent pas honte. Lui, dix, tous excellents, parmi lesquels trois ou quatre dont je ne peux oublier un seul mot.

  Il trouva du travail pour nourrir correctement son enfant. Il n'écrivait quasiment plus que sur les serviettes en papier dans les restaurants. Aux murs des chiottes dans les bars, au milieu des "je suce au 06 xx xx xx xx", on pouvait tomber sur une de ses productions improvisées.

  Un soir, vers 18h je reçus un appel, c'était lui, il me disait que si je voulais, se trouvait dans le dernier chiotte du train en provenance de Marseille et à destination de Lyon, arrêté en gare d'Avignon pendant dix minutes, un texte de sa composition qu'il venait d'abandonner, un texte que lui-même ne jugeait pas mauvais. Je n'y suis bien sûr pas allé.

  Moins d'un an plus tard on lui découvrait un sale truc au cerveau. Il en mourut en quatre ans, subissant une lente détérioration de ses facultés intellectuelles. C'était il y a plusieurs mois.

  Aujourd'hui je suis là, parmi vous, dans le monde restant. On partage crottes, magie et pourriture. Je vous raconte ça, vous en tirerez des conclusions ou non, bref, vous en ferez ce que vous voudrez.



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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 11:48



                         Le voyage sur Mars


  Tout le monde me trouve gai, enjoué, souvent sympa à fréquenter. Sauf quand je suis morose, dépassé par la saloperie et bougon. Normal, en général je fais des efforts. On s'étonne souvent que mes poèmes sont plus noirs que mes discours, normal, j'essaie de pas mentir quand j'écris. Sinon, quel intérêt d'écrire? suffirait de parler, de vivre. On va pas laisser des calembredaines derrière nous, alors que le quotidien, c'est plus cool de le farder d'une tapisserie de bonne humeur, vous croyez pas? Dans la vie de tous les  jours, essayer d'avoir un peu de classe, l'élégance de pas être un poids, ça me parait important, pour les machins qu'on écrit, je vois pas ça pareil. Merde! quand on pète, on pète, c'est comme ça, les gaz se sont accumulés à cause du caca présent dans nos intestins, et puis bon, voilà quoi, ça s'exprime, mais quand on est en société, y'a pas de honte à masquer le phénomène, si tout le monde pète en même temps, dans la même salle, l'air devient vite irrespirable, alors qu'un livre, si il pue trop pour nos petites narines, ben on peut le refermer. Comme ça. Hop, on décrète que l'auteur est nul et c'est fini. Je veux bien être gentil et compréhensif, mais ça, ça se discute pas.

  Ce que je laisserai vraiment? je m'en tape, pardon mais je m'en tape.

  Y'en a qui disent que je suis capable d'écrire "des livres" (avec cette espèce de respect, de déférence de ceux qui en ont lu trois ou quatre dans leur vie et pour qui c'est tout un truc d'écrire des "livres"), y'en a qui disent que certaines de mes nouvelles sont géniales (ou quasi géniales), y'en a qui disent que je vaux pas un clou, que je suis pas fichu d'écrire une notice explicative sur la pendaison, y'en a qui rigolent en voyant ma gueule d'Indien (parait que j'ai une gueule d'Indien...), y'en a qui trouvent mes poèmes magnifiques, d'autres pas du tout, un pote me dit "c'est bien le diable si on arrive pas à te publier" (il côtoie le milieu, c'est mon piston, ou pas, on verra bien), une conne me traite d'intellectuel de pacotille (me souviens plus du terme, mais ça valait pas mieux). Mon chat s'en branle de mon talent supposé ou non.

  Si je "sais écrire"? j'en sais foutre rien. Foutre de l'helicon! comme disait Claude Lepetit, "foutre de tout le monde ensemble, foutre du livre et du lecteur"!. Ben oui.

  Moi je vous le dis: je sais pas grand chose. Je sais que le ciel est tramé de gris, que tous les gens travaillent, même les cloches qui tendent la main, les financiers qui saquent à tour de bras, les footballeurs, les veliplanchistes, les arnaqueurs, les testeurs de matelas, les pétomanes professionnels et les tumeurs logées quelque part en nous, dans notre gras, nos muscles, nos circonvolutions cérébrales, notre avenir.

  On est samedi, le soleil s'est carapaté je ne sais où, il a bouffé comme un goinfre à midi, puis il est jamais revenu de la sieste. Il brûle son combustible. Peut-être qu'il nous pétera à la gueule plus tôt que prévu, que les astrophysiciens se sont gourés de quatre milliards d'années. Ca dérange pas des masses les gars qui jouent à la pétanque dans ma rue. Comment font ces cons pour jouer à la pétanque dans une rue? ils l'ont bloquée à renfort de voitures déposées là. Telles quelles. On a tous les droits. Les financiers peuvent saquer, les clodos manchardiser, et moi, je tape, parce que si on arrête de faire un truc, n'importe quoi, l'absurdité de la vie nous croque tout crus, cronch.

  Je suis Ben Swarzevkovitch, ou -ski, ou Goncourec (j'ai pas encore choisi): le plus grand écrivain de ma rue! Je vous dirai tout! comment j'ai vu des artistes au talent comme un iceberg retourné fondre tel un glaçon tombé du verre un 24 août! des musiciens doués à faire pleurer Hadès qui bouffent des pommes moisies aux invendus du marché! des peintres qui font les putes ou qui crèvent de leur hépatite dans un pmu dont les tables sont en fiente agglomérée! et l'histoire de ce poète née des Muses invertébrées qui s'est laissé bouffer par l'angoisse, aujourd'hui il en reste un souvenir à grincer des dents jusqu'à se foutre les racines à l'air. Je vous dirai tout ça, faut me laisser le temps. Faudra que j'oublie pas. A condition de "rester vivant", bien sûr.

  Alors quoi? Alors y'a une nana dans la pièce d'à côté (chez moi donc) qui montre son cul au mur. Elle croit que le mur va la baiser, ou le plafond, elle croit peut-être que ces deux mâles-là vont se battre pour son cul. Elle croit n'importe quoi, pourvu qu'il soit question de son cul. Normal. En tous cas, moi, la vie, j'ai dit "niet"! je la baiserai pas, moi (pas là en tous cas). Moi je joue à l'écrivain.

  Alors quoi? Tu veux raconter des histoires? ben vas-y mon gros, raconte. Ouais. Vais me boire une lichette pour me donner de l'allant. Donc.

  S'il faut en raconter des histoires, c'est parti. Je vous ai jamais raconté celle de la fois où on avait décidé de partir sur Mars? Hein? sacrée histoire ça! On devait d'abord transformer le RADAR en base de lancement, et comme au RADAR c'était la désaffection totale, que le patron en était à se tirer des pétoles du nez en regardant les bars d'à côté se remplir, ben c'était pas difficile de le convaincre.

  "T'auras toute la presse locale qui va venir ici! Et puis quand ils verront que c'est du sérieux, "Science et vie junior" viendra (et senior ensuite, mais d'abord ils envoient la version junior, le lectorat est plus crédule)!

  "Ouais, ok, faîtes-le votre voyage à la con!"

  Ca a commencé comme ça. Buk dit que pour faire une bonne nouvelle, il faut du cul et encore du cul. Bon, ben là y'en aura pas lourd. Y a bien ce petit cul d'à côté que j'irai baiser après vous avoir narré cette somptueuse épopée, si seulement je suis pas trop bourré. Donc voilà. On s'emmerdait dramatiquement en terrasse au RADAR, et on pestait sur la raréfaction de la clientèle, féminine et autre. C'était notre rad, merde! fallait faire quelque chose. Racoler tout nu dans les rues faisait figure de dernière extrémité. Y avait Desdichado, Vlad, l'Avocat Le Plus Doué De Sa Génération et puis aussi une nana bien jolie, mais moins disponible qu'un ministre de la Crise. Desdi proposa une soirée miss tee-shirt mouillé, Vlad de faire venir des amis musiciens (mais le patron payait avec ses pétoles de la veille), la nana réfutait et l'Avocat Le Plus Doué De Sa Génération se foutait de notre poire. Au bout d'une demi-heure, quatre cigarettes chacun en moyenne et trois tournées, c'est moi qui ai eu l'Idée:

  "On va organiser un voyage sur Mars, depuis le RADAR, avec affichettes, soirée spéciale, compte à rebours et tout le bazar!"

  Vlad, Desdi et la nana se sont marrés, l'Avocat Le Plus Doué De Sa Génération s'est foutu de ma poire.

  C'était gagné. En plus, la place sur laquelle le RADAR expirait était en travaux, mais de sacrés travaux, défoncée jusque dans ses entrailles, avec des excavations d'un mètre, du caillou partout et des plaques de goudron comme des croûtes de psoriasis qui se baladaient ça et là. Parfait.

  Ca me rappelle que vous connaissez pas celle de la fois où l'Avocat Le Plus Doué De Sa Génération s'était endormi au beau milieu du RADAR, à 15h, parce qu'il tisait depuis la veille sans discontinuer, et qu'on l'avait recouvert de papier cul, mis un énorme godemiché sur la poitrine, noeud vers la bouche et qu'on s'est bien poilés, avec force photos à l'appui. Ok, ça sera pour une autre fois.

  Bon, donc: RADAR, la nana pas libre (mais jolie), l'Avocat Le Plus Doué De Sa Génération, Vlad, votre serviteur, et ce voyage sur Mars. Exaltation de LA grande idée. Est-ce qu'on allait rencontrer des Martiens? ben oui, évidemment (quelle question con). Qui pour servir de Martiens? des gosses des rues recouverts de peinture verte au plomb? bonne idée, mais je voyais bien des nains aussi, avec leur grosse tête ça serait que plus réaliste (enfin tout  dépend ce qu'on appelle réaliste). Moi comme je joue au tennis et que j'ai les clefs d'un club où il y a des sacs de terre battue, ça serait facile de transformer la place en sol martien. On avait un pote en fauteuil roulant, ilferait un superbe Pathfinder (vous savez, le skateboard à roulettes que les ricains ont envoyé sur la planète rouge), y'avait qu'à lui écraser la tête entre deux planches en bois. Ca prenait tournure! On était hilares sur la terrasse, au point que le boss est venu voir si il se goupillait quelque chose ou si on allait bientôt tous vomir sur ses chaises (le RADAR commençait à vraiment avoir une sale réput'). Le tout, selon moi, était de rien raconter du déroulement, fallait pas que ça s'ébruite, juste on allait faire des affiches comme quoi un voyage sur Mars était prévu depuis le RADAR, à telle date. Vlad ferait les affiches. On se marrait autant que les bossus qui ont inventé les première blagues de Toto.

  Le moins simple à définir était la musique. Kraftwerk, Boulez, la Java martienne de Vian bien sûr, tout ça était imparable, mais il fallait plus dansant. Vlad et ses potes zicos. Ok. Peu importe le son, Nana-pas-libre voulait faire un strip (son mec était super fier de sa plastique). Dac.

  L'Avocat Le Plus Doué De Sa Génération bascula sur le côté avec cette grâce qui lui est propre et ronfla comme un évier qui coagule. Avec un téléphone on enregistra la performance, ça pouvait servir (à quoi? personne savait).

  Sur ses entremises arriva Sun-Tzu, prêt pour la guerre, toujours prêt pour une guerre, laquelle, aucune idée -lui non plus d'ailleurs- mais il était prêt, avec son petit palmier sur le crâne et ses gros bras de castagneur. On manque toujours de gros bras, du coup on lui a fait part de notre fabuleux projet. Sun-Tzu trouvait ça "géant", ou "énorme", je me souviens plus bien.

  Bref, on était cinq, une fine équipe de cosmonautes (avec un qui ronfle à foutre en l'air le système solaire), tous beurrés, sauf Sun-Tzu qui reste sobre, au cas où.

  "Bon, les gars! faut pas s'endormir, sinon la meilleure idée qu'on a jamais eue pour le RADAR va faire flop! faut se bouger le derche! ce soir on va au club chercher la terre battue! qui m'emmène?"

  Sun-Tzu était Ok. Après minuit ça serait bon, y'aurait plus personne là-bas (c'est des courts couverts et éclairés, y'avait des fois des séances nocturnes). Vlad aurait les affiches dès demain avec la "grosse tâche cyclonique de Mars en gros plan!"

  "Non, Vlad, ça c'est Jupiter, mais tu trouveras un truc classe, on te fait confiance."

  L'Avocat Le Plus Doué De Sa Génération dormait toujours, ou était mort, on savait pas bien: il ronflait plus.

  Le boss voulut fermer le RADAR, y'avait personne (nous c'est personne). On a rangé la terrasse, puis on est allé au comptoir réclamer la tournée qui nous était due, en paiment des chaises et des tables qu'on s'était fadées jusqu'à l'intérieure. L'Avocat Le Plus Doué De Sa Génération a été tiré de son coma pour s'effondrer de nouveau, mais dedans, la tête en arrière, bouche ouverte, offerte aux pires sévices qui nous passeraient par l'esprit. Faut pas croire, de l'esprit, même ronds comme des queues de pelles, pour ces choses-là, on en a encore. Orgasmes (Get 27 plus Baylies), pastis, bière, rouge, tout a coulé pendant au moins une heure, comme une fontaine de joie sur notre idée de génie qui allait enterrer tous les autres bars de la place. Boss était bien fier d'avoir une telle équipe de cerveaux pour poivrots attitrés. Sun-tzu était encore frais pour aller au club de tennis. Vlad s'overdosait le tarbouin sur une table, sans se cacher, Nana-pas-libre avait retrouvé son roméo qui lui tape sur la gueule quand ça lui chante et l'Avocat Le Plus Doué De Sa Génération avait les doigts de la main droite qui trainaient par terre. Boss a fini par nous foutre dehors. L'Avocat Le Plus Doué De Sa Génération avait tout oublié à son réveil et partit dans une petite rue comme pour aller délibérer tout seul. Sun-tzu est rentré chez lui.

  J'ai accompagné Vlad, qui habite pas loin de chez moi, et je suis rentré à demeure, en pensant aux étoiles, au Big Bang, à Einstein, à l'unification de lois de l'infiniment grand et de l'infiniment petit.

  Je me suis mis sous les draps en me trouvant infiniment petit. J'ai essayé de me branler, mais ça marchait pas: j'étais trop bourré.

 
 
 

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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 08:56

                                Théâtre naturel

 




  Je devais aller aux morilles ou une connerie comme ça. Toujours est-il que j'étais dans un bien gentil coin de nature arborée, une sorte de forêt pas trop dense. Je crois bien que j'étais seul. C'était peut-être un rêve, l'aventure est un peu vieille, et vous savez comment c'est parfois, on mélange un peu tout, rêve et réalité, surtout s'il n'y a personne pour infirmer ou confirmer le souvenir. Bref. Il faisait forcément très beau, sinon ça ne me serait pas venu à l'idée d'aller me balader sous la pluie en forêt, je suis bizarre, mais quand même. Une chose est sûre: le vent soufflait paisiblement dans les frondaisons, et ça sonnait en petit froufrou joli à mon oreille.

  Il faisait beau, mais pas très chaud, c'était au sortir d'un hiver qui avait trop duré, et par-ci par-là de petites larmes de neiges résistaient mollement au changement de saison. Il y avait des saules un peu squelettiques qui défiguraient par endroit la renaissance printanières de la nature. Morilles absentes, ça devait être encore trop tôt pour elles (pourtant nous étions en mars ou en avril), ou alors c'est que je n'y étais pas du tout pour cette raison.

  je me perdais avec gourmandise dans ce tableau bucolique, sûrement que je me prenais encore pour un poète.

  A un moment, j'ai flippé grave. D'un lointain vraiment trop proche (quelques centaines de mètres seulement), j'ai entendu des grognements de chiens, aboiements et pour tout dire, ça ressemblait fort à ce qu'on appelle "l'hallali" des chasses à courre! J'y connais que dalle en chasse, mais ça me semblait pas bien légal, enfin je vous dis j'y connais rien... Je sais que j'ai filé fissa, de peur de me faire bouffer les mollets, ou pire, d'avaler une bastos par n'importe lequel de mes membres. J'ai tracé comme j'ai pu à travers les fourrés, entre les arbres, ne relâchant pas mon effort avant une bonne quinzaine de minutes. Dans ma course j'ai eu la bizarre impression de croiser une ombre pâle, et quelques aunes plus loin, parvenu au calme, je revis cette drôle d'ombre, presque une silhouette (bon quand on fait un effort physique il est fréquent qu'on divague un peu) disparaitre derrière un tronc épais et sur une branche qui le surplombait, comme un frisson d'aile de petit oiseau: un nid s'y trouvait probablement (c'est ce que je pensai).

  J'avais couru beaucoup, et les petites étoiles jaunes me tombaient dessus tandis que dans mes oreilles bourdonnait comme un murmure, une amplification de la brise et de mon pouls ensemble. Mais j'étais en sécurité. Un rien curieux de cette brève apparition diaphane, mais bon, je mettais ça sur le compte de mes sens trompés par la fuite précipitée. Il n'était plus si tôt et l'humidité du soir approchant commençait à imbiber la terre et mes vêtements. Les quelques fleurs dorées ou rose déjà écloses se mirent aussi à luire faiblement.

  Plusieurs pas plus avant, je perçus un petit sifflement discontinu étouffé par la végétation. Ca ne pouvait être que de l'eau, un petit ru arrosait l'herbe non loin. Je voulus le trouver, en en suivant le chuintement.

  Un frêle remugle s'intensifiait au fur et à mesure que je me rapprochais de ce qui en fait était une vraie rivière. Plus elle s'épurait, et moins elle était agréable cette odeur: âcre et entêtante, elle se substituait aux exhalaisons des bois. Un lapin, ou plus gros encore avait dû crever par là.

  Et je trouvai le cours d'eau, en réalité bien large, mais mangé par les berges hérissées de roseaux et de fougères assoiffées.

  Je suivis un peu ce rivage en pensant que, tout de même, je n'allais plus tarder à le saluer, car la lumière se raréfiait. Sans doute j'avançais en direction de la charogne animale, puisque la pestilence envahissait désormais tout le décor.

  Depuis la main effilée d'un de ces saules qui laissait ses phalanges jouer avec l'onde je vis serpenter comme un lichen aquatique de teinte fade, une paille gorgée d'eau et noyée. La puanteur était à en dégobiller. Des nénuphars prospéraient là-dessus. Je contournai, sans réfléchir, un arbre recueilli sur cette scène, et qui m'en masquait la vue.

  Des tissus autrefois blancs d'une robe maintenant souillée par de la moisissure stagnaient au milieu des maigres bambous et des petites fleurs.

  Ciel! une amoureuse de la nature avait ici conquis sa dernière liberté, une maladroite avait connu la mort, ou avait été assassinée. Son cadavre s'étendait face à la lune, sans qu'un sang noir sur son corps et son visage encore enfantin n'indiquât un accident de chasse. Elle tenait dans une main décharnée à la peau flétrie un gentil bouquet qui ne ressemblait plus à rien.

  Cette dépouille livide, fondue dans son sépulcre élégant aurait pu être un lys gigantesque, monstrueux, mais ce n'était qu'une jeune fille.

  La vue, la fétidité et toutes les idées qu'elles développèrent en moi me firent vomir d'un seul hoquet, et m'essuyer ensuite dans cette eau qui était son linceul provoqua de nouveau une nausée que je ne réprimai pas.

  Avant de quitter cette magnifique horreur et de prévenir les autorités, je ne pus résister à cette ultime curiosité: au bras de la jeune fille un sac à main me promettait d'apprendre au moins son nom.

  Sur sa carte d'identité plastifiée je lus sans trop de surprise: "Ophelia".

 

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 10:33

                                       Internet, sex cam et tour de Babel


  Petite Libellule a vingt-quatre ans, mesure cent-soixante centimètres, supporte soixante-huit kilos, blonde aux yeux bleus. Sacrée "petite" libellule, faut avouer. Y'a des roseaux qui doivent tirer la gueule en bordure de rivière.

  Dans la section "intéressée par", elle écrit:

  "Les mytos passer votre chemin les autres venez me voir je parlerai avec plaisir bisousssssssssssssssssss!!!!!! !!!!!!!!!!! a vous tous"

  Elle se dit musclée, avec enfants, non fumeuse, buvant en soirée, titulaire du BAC (effrayant) et parlant le français (précision non négligeable).

  En allant plus loin dans sa présentation on apprend qu'elle aime toute la musique sauf Mozart (il faut supposer qu'elle perçoit Mozart comme un style de musique, comprendre donc qu'elle n'aime pas le classique). Elle affectionne les "films d'horreur en compagnie lol", "d'aventure" et "rigolots".

  J'aurais voulu savoir ce qu'elle reproche à Mozart, mais elle ne répond pas à ma question. J'en déduis que "myto" ça doit vouloir dire qui pose des questions sur Mozart, ou qui aime ce dernier.

  Jolya, dix-neuf ans, cent-soixante centimètres, cinquante-quatre kilos, seule, ne fume pas, ne veut pas d'enfant, avec son gros cul souriant elle cherche un mec "chaudd", pour du rdv réel. Grâce à son bac elle exerce une profession "hummmmmmmmmmmm" qui lui permet de "gagner raisonnablement bien sa vie".

  Aurélie, vingt-sept ans, célibataire, hétéro, cent-soixante-dix centimètres, quelques kilos en trop (sans précision chiffrée, "quelques" prend alors une mesure très vague, relativement inquiétante), les cheveux bruns, les yeux noisette (elle met un s à noisette, elle ne sait pas que lorsque la couleur fait référence à celle d'un fruit ou d'une fleur, ou de n'importe quoi -comme rose par exemple- elle est invariable, c'est la seule faute d'orthographe de son profil, c'est aussi la seule parmi celles que je viens de visiter qui n'a pas eu son bac. Pour une faute aussi mineure, c'est dégueulasse).

  Aurélie veut un mec sérieux (ça décourage les mecs pas sérieux?) et interroge: "Est ce qu'il est encore possible de nos jours de trouver le grand amour, et de trouver une personne sincère et honnête?? je me pose la question mais j'y crois toujours..."

  Aurélie est donc une princesse un peu grasse, au sourire angélique (avec fossettes et tout) et qui se pose de vastes questions existentielles sur les rapports homme-femme au sein de notre époque post-moderne. J'irais bien débattre avec elle de la notion de "grand amour" et du concept temporel "de nos jours", mais je sais que ça ne donnera rien, alors je m'abstiens.

  Lona, soubrette de vingt-et-un ans, cent-soixante centimètres pour soixante-cinq kilos sur la balance.

  "A propos de moi: hummmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm"

  "Intéressée par: hummmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm"

  Elle aime toute musique, tous films, toute la télé, tous les livres, tous les sports, toutes les passions. Elle aime aussi : "hummmmmmmmmmmmmmm". La femme idéale en somme.

  "Profession: sex cam. Je gagne très bien ma vie". Vraiment, la femme rêvée.

  Bon samaritain, je lui envoie un message: "un conseil: enlève sex cam de ta profession, tu vas te faire radier du site".

  Réponse de Lona: "tu vx mes voir ma chatte et mes seins nue tout 1heure + mon adress + num tel = rdv réel contre 10sms sa coute 1sms =0.15€ sa te dit bb ????"

  Lona, j'en ai rien à foutre de ta chatte, de tes seins, de ton adresse et de ton "num tel". Désolé. En prime, je supporte pas qu'on m'appelle "bb".

  Mounika, vingt ans, exactement même profil avec des "hummmmmm" partout, deux différences pourtant: huit centimètres de moins, et comme profession elle marque "l'entreprise".

  Je copie-colle la réponse de Lona en changeant deux ou trois choses: "tu vx mes voir ma bite et mes pecs nus tout 1heure + mon adress + num tel = rdv réel contre 10sms sa coute 1sms =0.15€ sa te dit bb????".

  On peut bien rire un peu. Pas de réponse cependant.

  Alhyson, vingt-trois ans.

  "Salut a ts moi c'est Alhyson j'ai 23 ans je suis maman d'un petit garcon Je suis ici pour du serieux que sa soit en amour ou bien en amitier mais rien d'autres. Mais c'est tres dur car je suis tres tres ronde. Enfin bref si vous voulez en savoir plus sur moi venez me parler. A bientot".

  Ok. Le plus intéressant est le message laissé par un autre membre, masculin, message lisible par tous (à la manière du mur sur Facebook):

  Fawzi: "Salut princesse. tu sais a mon avis tu es dans la terre pour présenter le 8eme merveille du monde. tu es tout simplement délicieuse dans la simplicité de ta beauté de princesse... je n'est pas de mots dans ma langue d'humain pour dire combien tu nous éblouies, et pour chanter cette très (????) j'espère que tu va accepter ma demande de te connaitre mieux au temps que je cherche une relation sérieuse... j attends ta réponse".

  Lui, il veut tirer un coup, et il y met les formes. C'est thématique avec Alhyson qui est "très très ronde".

  "Très très ronde", plus rond que rond quoi, une seconde je me demande comment une sphère peut être très très ronde. D'un point de vue géométrique c'est pas évident à se représenter.

  Le site me propose d'activer mes "super pouvoirs", en payant bien entendu. Je sais pas bien à quoi ça rime des "super pouvoirs", je pense à Spiderman, à l'Homme Torche et à la Chose, je ferme.

  Je me mets Keziah Jones, "Rythm is love", "I'm known"( "hey hey hey"), derrière je place Leon Parker et son fabuleux "Ray of light". Léger, joyeux, entrainant, on caresse la perfection.

  Ces sites sont amusants. On ne fait pas toujours que se gausser (ou déplorer) la misère sexuelle, affective et culturelle de la race humaine. Il y a des surprises, heureuses.

  On dit que de nos jours les gens ne savent plus communiquer, ou n'osent plus, la faute aux villes trop grandes, au stress, à la télé. Et puis il y a internet, le village tentaculaire, le zoo des dégénérés ou chacun a sa place, les hommes y sont presque égaux, presque des dieux, la preuve.

  Mounika a fini par me répondre, quarante minutes après ma blague (ma boîte mail m'en informe):

  "tu vx mes voir ma chatte est mes seins tout nue super reel contre 10sms=1sms=0.15€?oki"

  Je lui dis: "Génial!"

  Elle s'énerve un peu, en majuscule (les majs sur le net servent à crier):

  "OUI OU NN".

  En guise de morale, je lui donne ma conclusion à tout ceci:

  "Nous sommes égaux, et nous parvenons à communiquer". Et j'ajoute: "Merci".

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 12:46

 

  Ô fortuna

  Ô plaie chérie
qui brille parfois
d'une incommunicable saloperie
notre loi

  La merde s'y dépose
déposée par un vent ténu, frêle et délicat
essence de rose
et tourbillon de caca

  Sur un socle
de peaux mourantes agglutinées
nous voilà bien butinés
destin à la Patrocle

  Ô plaies, ô Héros
boulots meurtriers déclinés en Chants
transmutation de fleurs en héro
in fine, saccage du Temps

  La flétrissure nous habite
logée dans le giron
Pandemonium aux mille tons
une couleur à chacun, l'invit'

  Je tremble encore,
c'est chouette car bientôt
la glaciation givrera mon corps
il sera devenu Beau

  Pris dans le monde fini
sans aspérité, rebouché
fonction off des coronaires et du zizi
en strophes pour bouchers

  Avant ça, je m'agrippe aux lianes
de la souffrance, des imperfections
je braie comme un âne
sur le joyeux calvaire du Champion.

 

_____________________________________________________

 

 

  Echec constant


  Là, là, ici
ces mots, pour toi
pour eux
du verre pilé, foulé aux pieds sanguinolants
des mots
du verre
à se foutre dans le cul
à planter soigneusement dans les tripes
fils d'arachnide méticuleuse
des mots vides
qui gueulent sans trop savoir
l'expression précise et nécessaire
à une juste restitution de l'émotion éprouvée
pour dire
quoi?
c'est toujours le problème
jeunes gens
vieux croutons
entre deux os
chats aux yeux de losange larmoyants une caresse
clodo qui cherche la pièce
pas EXACTEMENT de l'amour
mais truc
voisin
enfin peut-être
compréhension évasive, vaseuse
ou vermoulue

  Là, là, ici
en moi
en débordements, en réception frauduleuse
mal à propos
mal perçue
et je m'opercule les membres
déliquescence de ma pensée quand il s'agit de trouver les idées précises
qui feraient bien, enchevêtrées dans quelques sentiments
flêches mornes coulées en fonte
avec des petites plumes ridicules
dans l'air un peu visqueux
éther gloubi boulga
je lèche ma flêche d'une langue impure, trop longue
trop brute ou trop ciselée
tout ça pour désencanailler, décristalliser, ébarber
tous mes accrocs idiots
passion, pulsion, piteuse
et purée de poix

ici
pour tous.

 

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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 11:18


    Nice day, avec combat, pâtes, piano et dénouement.

  La bouteille de whisky était cachée sur le côté de mon bureau, cachée à cause d'un gars qui avait passé deux jours chez moi et qui est un pire poivrot que l'auteur de ces quelques lignes. Bon, faut être honnête, elle était aussi un peu cachée de moi, par mes propres services. Bref cette salope de bouteille était là, à moins d'un mètre, couchée dans l'ombre.

  Un soleil à cramer les lézards roulait sur mon bureau, Janis s'égosillait joyeusement dans mes enceintes, une roulée s'effilochait en volutes dans un cendrier, et moi, je faisais la gueule. Disons que j'avais un moral de merde. Et cette bouteille couchée. Et la cigarette. Et Janis. Un temps somptueux. Un samedi à adorer l'existence. Sauf que non. J'avais même pas une raison valable, à part cette pute de bouteille que je m'interdisais de toucher, parce que c'était 13h. J'ai des principes. Je bois pas la journée. Pas avant 18h, c'est comme ça. A un moment la clope s'est arrêtée de fumer, du coup moi aussi. Le soleil faisait toujours chier.

  J'avais aucune raison d'aller pas bien, d'ailleurs j'allais pas "mal", juste j'allais pas bien. Allez savoir. Ma soirée de la veille avait été très bonne. Repas entre amis, enfin on dit amis comme ça, je les aime bien, ils sont gentils. De bons copains. Un peu trop de mélanges d'alcool, c'est sûr, vin blanc, vin rouge, whisky, cognac... Ca justifiait quand même pas cet état de viscosité mentale.

  "Oh Lord, won't you buy me a Mercedes Benz? Oh Lord..."

  Je me suis rallumé une cigarette, une vraie, une "indus'", le salut se trouvait peut-être dedans, roulé dans ce foutu papier ammoniaqué. En fait, non.

  Les tuiles sur le toit d'en face, aux couleurs que j'avais jamais su définir, rayonnaient, rutilaient, se prélassaient grassement sous cet enculé de soleil qui donne le moral à tout le monde.

  "Beau temps, hein? Le printemps est arrivé!

  "Va te faire foutre".

  Je m'étais déjà branlé deux fois, à vingt minutes d'intervalle. Très mauvais signe, ça. Je crois que j'aurais même pas baisé une nana si l'occasion s'était amenée. Rien à fiche. Je m'étais tiré sur la tige comme ça, pour en sortir un truc, pour cracher un intérieur encombrant.

  Puis Janis est morte, encore une fois. Je suis passé à Satie. Pas du style à redonner la pêche Satie. Mais vous savez ce que c'est, les machins gais quand on l'est pas, ça devient vite insupportable, ironique, agressif, c'est un sale miroir. J'avais encore envie de me branler, ça devenait frénétique. Je suis allé chier. Buk prétendait que sa merde est celle qui pue le plus après celle des chiens. Je sais pas si c'est vrai. La mienne est pas mal non plus (j'ai du mal à en concevoir une quelconque fierté, même allégorique).

  Le frigo, dans sa langue de frigo, genre de morse qui grésille, voulait que je bouffasse (c'est bizarre l'imparfait du subjonctif des fois...). Il était sûr que ça me ferait du bien. C'est con un frigo, ça pense qu'à vous faire manger. Sinon, si vous mangez pas, vous niez son utilité de frigo, et il trouve pas ça gentil. Mais je voulais rien avaler. Non. Pas moi. Après il aurait fallu encore aller aux chiottes, six heures plus tard, et ça me fatiguait d'avance. C'est comme pour la bouteille, quand on décide un truc, faut s'y tenir, même sans raison suprême, juste comme ça... Ca donne un genre.

  P'têtre que j'avais le moral dans les chaussettes (chaussettes ridicules soit dit en passant, car montées trop haut sur le mollet, et d'une teinte déprimante que je me refuse à traduire ici) à cause de la tôle phénoménale qu'un type nous avait infligée au "trivial poursuit années 90". D'ordinaire je suis pas mauvais à ce jeu, mais là, cette version 90 et ce type s'étaient ligués contre moi, spécialement moi et mon orgueil et... bref. Le temps passait pas, cette bouteille étirait ses membres comme un gros chat bienheureux qui appelle les caresses. Un ensemble, quoi. Une oppression molle de plusieurs éléments combinés, chacun infinitésimal, mais dont la totalité formait poussivement une micro montagne de coercition.

  Bouteille, frigo, branler, branlée, clopes... chat... Janis, Satie...

  Satie détache ses notes comme de minuscules grains de raisin aux chouettes petits éclats vifs dans ce putain de soleil croupissant.

  C'était un jour parfaitement houellebecquien. Preuve que Houellebecq est pas si mauvais, même si il a eu le Goncourt, même si il écrit comme un neurasthénique. De toutes façons, ses poèmes sont très bons, ça suffit pour mériter sa place ici bas. Pour l'Eternité, on en parlera plus tard.

  Satie a joué sa Gnossienne n1. Belle à se tirer des balles en mousse dans le crâne. Au même moment, comme si ça suffisait pas, j'ai vu un mort se connecter sur mon Msn. C'est salace Msn pour ça, les bots qui piratent les adresses abandonnées n'y pensent pas à ça, que ça file la pétoche et le cafard quand ils réveillent les morts aux yeux des survivants.

  Aloysuis Bertrand voulait que je fourre (-asse...) mon nez piteux dans son Gaspard de la nuit. Bien sûr. Tous les auteurs veulent qu'on les lise. Mais lui, il insistait vaillamment (ça prend deux "m"?) avec sa couverture tramée, blanche qui luisait d'une infinité de microscopiques diamants dans le putain de soleil du printemps qui arrive, ou qui arrive pas.

  Tout ça c'est qu'une grande lutte toute flasque, ralentie, dans une arène de miel et de yogourt, avec des flocons d'avoine adhésifs dans l'air. On peut même pas dire qu'y a pas d'air, y'en a de l'air, on respire pas si mal. L'air est juste chiant. Il parait qu'on peut pas vivre sans air, mais vivre avec c'est pas toujours le top non plus. Enfin bref. Je fumais une grosse cigarette garnie de vieilles feuilles de ganja (je peux pas dire "joint", là-dedans il y a moins de thc que de compassion dans l'oeil d'un flic qui sermonne un clodo), pour la forme. Je fumais plus d'herbe depuis des mois, une grande décision ça. L'herbe ça me rend trop con, intellectuellement.

  En tous cas, Aloysius Bertrand pouvait être certain d'une chose: C'était pas aujourd'hui que j'allais me poser avec lui la question "qu'est-ce que l'Art?". Je préférais me gratter la nuque à l'endroit où mes cheveux sales sont tout fins, doux quand bien même gras.

  Ian Pears (un cadeau...), Maupassant, Giraudoux, Garcia-Marquez, Frédéric Brenner (livre de photos, encore un cadeau), l'Iliade à demi masquée par le Manifeste de Breton; j'étais pas mal entouré. Et même d'amour. Le truc, en général on me croit pas, c'est que l'amour j'en ai rien à carrer. Sans blague. C'est ma théorie ça, le bonheur, le confort, l'amour donc en un mot, c'est très mauvais pour l'écrivaillon que je suis. Encore une idée défendue par Houellebecq... quand je vous dis qu'il est pas mauvais.

  Enfin! mon enfoiré de soleil allait dégobiller sa trop jaune bave derrière un immeuble qui surplombe le mien. Mais il était même pas 15h. J'évitais de baisser les yeux vers la planque de la bouteille. Encore un micro duel dans la gigantesque bataille de ce samedi.

  Un peu d'eau. Ca fait étrange quand on la sent passer par la trachée et se disperser ensuite en delta dans la poitrine; en luminescence ça doit être joli, ou décevant.

  J'ai baissé les bras. Je me suis résolu à bouffer. Quelques pâtes, au beurre et au gruyère (tous les écrivains parlent de ce qu'ils bouffent, si si, vérifiez, vous verrez). J'ai fait bouillir l'eau à la bouilloire électrique, le crépitement m'a distrait un instant. Infime petit bruit de l'enfer, un enfer de lilliputiens, expurgé de tous lilliputiens (aucun vrai drame je vous dis!). Bien entendu, l'occasion était parfaite pour me servir un petit rouge. Mais non. Hé, hé. Je reste droit dans mes bottes loqueteuses.

  Manger ces sacrées pâtes allait me faire passer au moins dix minutes, avec cinq en plus dédiées à leur préparation. C'était une forme de mini-joie. C'est fait pour ça la vie? étouffer sans conviction un peu de temps qui passe? Non, ça va à l'encontre de tout ce en quoi je crois. Mais des fois c'est comme ça, faut pas trop se culpabiliser.

  Pas de rouge! ni de rosé! Satie. Allegro et des pâtes. Et vous, et moi, embarqués dans un même inutile imbroglio gluant qu'on abandonnera pas sans s'y agripper vaille que vaille (enfin pour la plupart, y'a des suicides, je ne l'ignore pas. J'espère qu'il y en aura pas en lisant ceci, c'est tout, et pas par humanisme, mais par orgueil bien sûr).

  Pendant que je suçais mes pâtes noyées de beurre, le soleil a fini de crever, tout à fait. Noyé, lui aussi, dans un océan de grisaille, pas de quoi trépigner de satisfaction, mais c'était déjà cool.

  William Blake, comme Milton, étaient plus exigeants que les autres, eux ils réclamaient que je les achète (-asse...), c'était marqué sur un post-it au-dessus de mon écran d'ordinateur. Carrément! rien que ça! Y'en a qui doutent de rien. Allez vous brosser, les mecs! quand vous serez entrés à la Pléiade!

  La bouteille, la bouteille, la bouteille, couchée, faussement cachée. Autour de 15h30. Satie, "danse gothique en faveur d'un malheureux". Bien choisi ça comme titre, bravo Erik!

  Après avoir mangé, on est toujours un peu à bout de forces, même quand on en avait peu au départ. Ca devenait plus compliqué d'écrire (même ça!). Je m'accrochais à mes principes. Bouteille = 18h. Intangible, à quinze minutes près. Pas comme ça que je deviendrai un saint, mais on a déjà parlé de ça, bien qu'absurdes, il faut des règles, ou on devient barjot, et, en l'occurrence, gravement alcoolique. Mieux vaut en rester à ses névroses ordinaires. Ca aurait pu être cinq heures du soir, vu la lumière. Mais non. 15h35.

  Et toujours ce putain de mal au bus, un mal fadasse, pas de quoi se tordre ou prendre un cachet. Encore un mal mineur. J'en avais pas causé avant parce que je veux pas trop donner l'impression de me plaindre. Orgueil, fierté et bouteille couchée. 

  15h40. Aucune raison de se flinguer. Et puis j'ai jamais eu de flingue (pourquoi d'ailleurs?).

  Un vrai bras de fer. A s'arracher l'épaule, mais doucement. Un très long écartèlement, à l'échelle subatomique. A ce rythme-là, ça prendrait seize siècles selon mes calculs.

  Ma sonnette me rappela son existence. Putain de sonnette atroce que j'aime, parfois. Là oui. C'était Esthera qui revenait de la même soirée de la veille. Un peu la gueule de bois, mais nettement moins que moi. Elle voulait pas baiser (tant mieux!), mais jouer à Zelda. L'aubaine.

  Deux heures à jouer à Zelda, ça se fait bien pour patienter jusqu'à la délivrance de la bibine, en accord avec mes principes. Dieu venait à mon secours. J'allais gagner ma stupide bataille. Grâce à vous, Satie, les pâtes, et Zelda.

 

 

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 12:04

 

  Régence

 

  La coursive de croûte dense
s'enivre de son vide
dans la lumière frêle du silence
et moi, je suis torpide

  Ce cimetiere de ville livide
planté d'esprits discrets
enfle sans jamais craquer
et mon membre me supplante

  Rien ne va, rien ne vient
ni la vie animale sanglante
ni le chaos machinal et serein
je suis roi d'un monde éteint

  Oh! c'est une langueur transitoire
une quiétude trompeuse
les hurlants vont bientôt se faire voir
et je rendrai ma couronne gazeuse

  L'enveloppe opaque et terreuse
se disloque lentement

  En poussière vaguement excitante:
j'observe l'agonie de cet enchantement

  La tension gagne, devient pregnante
et ma force et mon droit
en parallèle entament leur descente.

 

_______________________________________________

 

  Procuration

 

  Encore ces éclats mornes, nés d'une mort trop banale;
la cité reposait ses guerriers quotidiens
stressés et incompris, forcés de faire le mal;
Boire un café au lait et en prendre le chemin.

  D'autres guerriers, arabes, excellent dans d'autres combats
depuis peu, l'occident leur trouve de la noblesse:
nous suivons leurs victoires depuis nos écrans plats
qui sont les vrais modernes? Et nous envions leur liesse

  Beaucoup ont abdiqué du contrôle sur nous-mêmes
faute à la loi martiale qu'on nous a imposée;
notre armure est infime, dessous nous sommes inquiets,
le peuple nord africain vit des moments suprêmes.

 

________________________________________________

 

  L'animal aux joues rouges

 

   Et moi,
j'ai franchi l'odieuse limite
liquidé mon âme
si elle existe

  Deux paires d'yeux
d'un humain irradié
symbolisent mon pacte vicieux
mes idéaux congédiés

  Des banques, des voitures
une assurance mensongère
tapissent mon univers
suintant de salissures

  C'est un jeu
de ceux qui nous embarquent
aux vents nauséeux
loin de nos propres marques.

  II

  La pomme abritait une vie insoupçonnable
vraiment?
Je ne sais pas, mais elle grouillait, abominable
je l'ai noyée

  Trop tard bien sûr, après l'infestation
la pénétration
par ces mille petits corps miliciens
du mien

  Trois femmes étaient présentes
pourquoi?
Je ne sais pas, cette trinité en attente
m'a réconforté

  La pointe de ma chaussure s'est salie
en poussant l'objet pourri sous l'onde
j'ai regardé couler l'horreur féconde
en lustrant le cuir souillé,
et nous sommes partis.

 

 

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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 13:03



            L'Odyssée, avec un chat.


  En ce temps-là, tout commençait toujours au RADAR. C'est pas de ma faute, le RADAR, c'était la soupe primordiale.

  El Desdichado se pointe, moins défait que d'ordinaire, à la limite même de la jovialité. Il avait dû trouver une pièce de deux euros au fond d'une poche d'un vieux jean puant. Peut-être même deux: il veut me payer un verre; la chose se produit une fois par mois, comme les menstrues, mais ça dure qu'un instant, pas plusieurs jours. Je lui fais ce plaisir, j'accepte.

  Desdichado a également un pote, un pote rien qu'à lui! décidément, ça frise le surnaturel ce soir, et ça débute étrangement. Il me le présente. Un type intéressant avec qui je vais m'entendre (j'aime pas ces injonctions). Il a raté deux fois le Capes de prof de lettres à cause de l'oral (bon, ok, je veux bien faire un effort). Beau gars, souriant, aimable, courtois, bien éduqué, ni trop ni trop peu. Il est pas grande gueule, au contraire, il dégage même une certaine humilité. Le genre qui doit plaire aux gonzesses (ça y est, il m'énerve, mais je serre les dents).

  "Blablabla

  "Blablablabla

  "Blablablablabla."

  Sympa. Rien à faire, il est sympa.

  Bon.

  On sort fumer, et râler qu'on se fait chier. Au même moment se tirait la seule fille qui parût baisable. Je dis à Desdichado qu'est bien gentils tous, bien intelligents, bien cultivés, mais qui si on reste là, nous trois, sans aucune paire de jambes pour obliquer nos conversations, on va vite se griffer, s'enfoncer les doigts dans les yeux, gerber partout et qu'il faut vite vite vite trouver un truc. Il est de mon avis. Collègue itou. Parfait. Trois bons lascars. On prend deux bouteilles de pif chez l'arabe, et on se replie chez moi (c'était bien trop tôt pour quoi que ce fût d'autre).

  J'écris, Desdichado écrit, Collègue avait écrit mais maintenant il peint, ça fait de jolies discussions en bordure de route.

  C'est fou tout ce qu'on a à raconter. Collègue surveille sa descente. Moi non, et Desdichado, lui c'est comme d'hab: le Super Géant, à toute berzingue. Faut faire gaffe à Desdi, sinon il attaque l'alcool à pharmacie quand vous en êtes à votre troisième verre.

  Spinoza, Nietzsche, Descartes, mais mieux, encore bien mieux: les Cyniques Grecs (mon dada), Jacob Beum (je connaissais pas. Un type génial. Il a lu la bible 500 fois et d'un coup, à la 501è, il a tout compris, toute la symbolique, toutes les paraboles, et on venait de l'Europe entière pour écouter ses exégèses. Wao.) et des tas d'autres que j'ai bien entendu oubliés depuis.

  Collègue me montre un de ses tableaux sur son bel iPhone 1,2,3 ou 4 (je suis pas expert en iPhone...). C'est vraiment pas mal. Symboliste, mâtiné d'Expressionnisme, avec des couleurs et des matières très travaillées. Il expose pas. Je lui dis qu'il devrait, y'a un potentiel, c'est sûr, en plus ce sont des grands formats et ça plait les grands formats. Mais c'est un peintre Douloureux, comme il y a des écrivains Douloureux: il met un temps infini à se décider quoi faire avec ses pinceaux, et ensuite il remet un temps infini à barbouiller ses toiles. Du coup, il aime pas vendre, ça rétribue jamais assez le boulot qu'il y a derrière. C'est certain, c'est comme ça qu'on est payé nous, les artistes vivants: mal. Il préfère donner. Soit. Chacun sa merde.

  Au bout de quelques heures: ça re-sufit. Je leur refais le coup: faut qu'on se tire les gars. C'est même pas une question d'alcool, c'est juste qu'on va pas faire l'amour tous les trois, donc il faut bouger. C'est même pas que j'ai envie de baiser, non, c'est que la stagnation intellectuelle  c'est pas mon truc. Ils sont tous re-d'accord.

  Collègue avait un plan cul avec une nana qui l'avait badé toute la soirée avant que je les croise. Bien. Elle serait dans un lieu que je fréquente pas trop pour cause d'entrée payante. Mais Desdichado a un plan pour nous faire pénétrer à l'oeil. Ok. C'est un truc à la mode, un peu Bo-Bo, qui passe des groupes et de la musique de l'Est. Let's go.

  A l'entrée faut prendre la carte de membre, c'est pas cher et les dix euros pour la soirée, ben on les paye pas grâce à Desdi qui a réussi son coup (on en entendra parler toute la soirée de sa prouesse; passons, c'est ce prix-là qui était à payer). Quand on lui demande son nom pour le registre de l'asso, il répond: Isidore Ducasse. Ah ah. On se marre bien.

  Dedans, c'est bien mignon. Cosy. On sent bien que le but c'est de taper de la thune à la jeunesse middle class, ou légèrement au-dessus, des beaux zardeux et étudiants en machins artistiques. C'est rempli de nanas pas mal sapées qui balancent des grands yeux maquillés de partout, et de types de tous âges aux riches conversations nourries de références. On se choisit une table avec trois meufs, et on attaque Desdi et moi, Collègue ayant déjà disparu, probablement auprès des jupons de son début de soirée.

  "Blabla

  "Blabla

  "Oui, on est deux super écrivains, super géniaux, des poètes de grande classe, et vous les filles?"

  Desdichado m'avait prévenu du risque de consommer leur pinard dans ce club. Surtout le blanc, parait que c'est le genre de bibine regrettable qu'on se jure de plus jamais retoucher, un plomb liquide qui rend narcoleptique et pénitent les deux jours suivants. Mais ils ont pas d'alcool fort ici. Va pour du rouge. En effet, il est dégueulasse, mais pas trop cher.

  La zique est cool. Violon, chant, très Kusturica tout ça, très mode, mais ça accompagne notre pseudo drague dans le feutré, je reconnais. C'est chaleureux et on boit sans se sentir agressé par des boum boum crétins, ça change. Tout y va bien, à part que nos trois jeunettes on devine bien qu'on se les fera pas, mais qu'importe, elles sont pas terribles, et en plus cette table, c'était juste pour s'asseoir, avoir un pied-à-terre et pas stagner comme des couillons au comptoir à faire la causette à une barmaid qui est là pour ça. Tout y va bien. Le temps, le vin, les violons passent.

  On commence à se scruter la sclérotique avec Desdi. Qu'est-ce qu'on va bien foutre après? Une clope: voilà une grande idée. On s'lève.

  Scène de film.

  Je fais deux pas, je passe à côté d'une colonne. Ma tête tourne. Deux yeux tout à fait bleus sont fichés dans cette colonne. Bien irisés, bien vivants, bien beaux. Je souris comme ma maman m'a appris à le faire. Sous cet azur impromptu que je fixe sans peur, on me rend mon sourire. D'abord timide, puis (comme j'ai vraiment pas peur) deux rangées de chouettes dents pétaradantes de blancheur se déclarent entre ces lèvres.

  Bon diou y s'passe un truc où je m'y connais pas.

  Je souris derechef, mes lances visuelles plantées dans ces deux petits lagons. La fille se marre. Mais elle se marre avec une complaisance que je ne peux que creuser. Ca semble déjà tout fait.

  On se tourne autour, avec la colonne comme épicentre. Cette nana est super jolie. Pas grande, mais roulée pile poil comme il faut, vraiment alliciante, un visage charmant, et puis surtout, déposée là comme ça sur mon passage par Monseigneur Labaise en personne, c'est incroyable.

  "Blabla

  "Blablabla."

  Je propose la clope (c'est pas que je sois accroc à ce point-là, mais depuis que je me suis levé, je l'ai pas eue moi ma dose de nicotine!). On y va, on se cale dans l'escalier, c'est pas bien légal mais les gens fument tous ici. Sauf que là, c'est tard, on est que tous les deux.

  Je vois Collègue, sa Julie sous le bras, qui se barre. Comme je suis en douce compagnie, il me lance un regard complice.

  Je dis deux conneries de drague qui font mouche (y'en avait pas besoin mais j'aime mettre les formes avant de m'avancer dans une bouche).

  On se bouche-abouche. Ses seins sont parfaits, ils ont du répondant. Seul hic avec elle: son taux d'alcoolémie (avec les filles bourrées, soit c'est nul, soit ça finit très mal: expérience...). Mais bon. On retourne dedans. On danse. On passe un agréable moment. Je suis vraiment vernis.

  Et puis il faut se tailler: ça ferme (tant mieux, tant mieux, dans une heure ma sirène faisait un coma éthylique). Nous voilà tout mignons, bras dessus bras dessous (en fait c'est pour la faire marcher droit...). On sort.

  Ah, elle est accompagnée, ma sirène a une cop'. Bien moins beurrée. Sur le coup, je vois pas le mal. Je suis moi aussi en difficulté pour garder le cap d'une déambulation sereine. Satané rouge. A deux c'est pire que tout, mais on s'en fout: le monde est à nous. La rue, les rues, les boîtes qui s'offrent à notre amour d'une nuit.

  Sirène disjoncte un peu. Elle se met à parler à tout le monde, à rire comme une hystéro... Ah, les femmes et l'alcool, vraiment, c'est moche. On zig-zag. On va de Charybde en Scylla.

  Sirène s'arrête net devant un camion poubelle vert. Le conducteur rigole bien devant cette gonzesse éméchée. Elle sait pas ce qu'elle veut, mais elle stop devant lui, bras écartés, presque guerrière. Don Quichotte devant un moulin. Elle fait peur au monstre: il peut plus avancer. Moi j'ai une idée lumineuse. Il va nous prendre et on va se rendre en boîte tous les deux en camion poubelle. Ca c'est la classe! Y s'en souviendront au Gomorrhe de mon arrivée triomphale à dos de monstre! Je demande très sérieusement au conducteur de nous faire cette fleur, la boîte est en centre-ville, ça sera sur son chemin à un moment ou à un autre: on est juste à côté! Allez, quoi! Ca coûte rien! Ca sera mémorable!

  Mesquin, insensible au grandiose, le conducteur refuse, poliment, mais il refuse. Quand même, Sirène le fait bien se gondoler. Bon, je fais mon deuil de la procession chevaleresque, je prends Sirène par le bras, je la retire de la route du monstre, qui peut continuer son office.

  La cop' de Sirène s'impatiente. Peuh, les femmes pas bourrées, c'est moche.

  Tant pis, on va y aller à pinces, c'est moins romanesque, mais voilà, pas le choix.

  Sirène est au pinacle de l'exaltation. Elle court dans la rue, partout.

  Arrivé pas trop loin du Gomorrhe, la cop' vient saisir Sirène. Hors de question qu'elle y aille ce soir, avec ou sans moi: Cop s'y oppose vaille que vaille. Sirène a un repas de famille demain, et Cop vivante, elle la laissera pas partir avec moi on ne sait où.

  On se roule des galoches d'adieu.

  C'est fini.

  Sirène disparait dans les flots bitumés de la rue Machin.

  Je vais au Gomorrhe tout seul. Pas grave.

  C'est vendredi, il y du monde, le videur de ma connaissance est aidé d'un mastard borgne. Celui que je connais bien (je sais son nom quoi) me serre la main, l'autre cyclope me groumph. Je rentre. Je prends une bière. Je suis fait comme une pastèque restée une semaine au soleil. C'est dur de tenir debout.

  Je m'assieds à une table. Ma bière me regarde. Ne pas dormir, ne pas dormir, ne pas dormir.

  La lumière s'allume. On passe le balai autour de moi. Y'a plus un chat, à part les serveurs et le videur qui me fait:

  "Ca va on a pas fait trop de bruit?"

  Je regarde mon téléphone: trois heures que je pionce à table. Ma bière me regarde toujours. Je me lève, je me casse. Dur dur, je suis dans un sale état.

  J'ai quand même réussi à rentrer chez moi. j'y ai retrouvé mon chat: il s'appelle Argos.
 

 

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 12:04

 

  Ophélie (II)

 

  Sur un fil mou et plat dégorgé de reflet
par l'onde sans éclat, indifférente à tout,
mortelle aux étoiles qu'elle étouffe d'un coup
ton corps monumental, Ophélie, a enflé.

  Si! la boursouflure dense du bel amour
dans ta chevelure gourde et en ton sein
gronde depuis mille ans! elle t'a rongé enfin
et le grand vers du temps t'inflige son glamour

  Tu as trop déconné avec les berges folles:
sur ta chair surannée pleurent les tristes roseaux
qui semblent recueillis pour t'offrir un berceau.

  Et le vent et Hamlet diront du bien de toi
dans les siècles flétris tu iras à l'école
trainer ta silhouett' en demandant pourquoi.

 

________________________________________________

 

  A nous l'infini

 

  Viens donc chien des doux enfers

  Aux crocs puants et soyeux

  Lécher nos os mielleux

  Et oindre nos peaux en fer


  Nous ne valons pas mieux

  Ta carlingue est éphémèr'

  Infinie et poussièr'

  N'oublie pas ce compte en cieux.

 

________________________________________________

 

  Evangile selon Moi

 

  De la merde
imbibée de poésie

  -Quoi? (c'est Dieu qui demande)

  Nos rejets ont du sens
il parait
je ne veux rien d'autre
qu'être à Ton image:
de la merde imbibée de poésie

  -Ah ouais? c'est quoi la poésie?
(Connard)

  Ce qui fait qu'on accepte de s'entortiller dans nos intestins
enfin je crois

  DE LA MERDE IMBIBEE
molle et dense, tout le contraire de la mort
chargée d'une saveur inoubliable et dérangeante
pour ce qu'elle vient foutre là

  Je suis de la Merde
Tu es la Poésie

  -Qu'est-ce que la poésie?

  Le rempart impalpable et étincelant de la déraison

  -Non.

  J'ai fait qu'une toute petite crotte

  -A Ton image.

  L'envie de tout perdre, peut-être

  -Peut-être. Essaie encore.

  C'est une falaise de sensations bien grasses

  -Arrête les métaphores lapidaires. C'est quoi la poésie?

  Ce qui me retient de t'achever

  -Tu te rapproches, mais tu dis des conneries. Reessaie.

  En fait, je crois que j'en ai aucune idée. Je crois que je vais vomir;
je ne trouverai pas dans ce vomi, mais je continuerai de vomir jusqu'à ce que
jusqu'à ce que... tout soit mort, plat et plus petit qu'une tête d'épingle,
au point de me résorber moi-même. De toutes façons, si je trouvais avant "ça"
la vraie définition de la poésie, je pense que Tu devrais me tuer, et c'est
hors de question.

  Et Dieu est devenu minuscule, puis il a disparu.

 

 

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